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Aucun produit miracle ne semble arrivé sur le marché du dopage depuis les JO de Pékin-2008 ou Londres-2012 mais les tricheurs ont appris à optimiser l'existant pour échapper aux radars, notamment grâce aux microdoses de dopants reconnus, comme l'EPO et les stéroïdes, quitte à expérimenter de curieux mélanges.
Annoncé comme la future plaie, le dopage génétique n'est encore qu'un fantasme selon les chercheurs de l'Agence mondiale antidopage (AMA). L'AICAR, présenté en 2013 comme la nouvelle potion magique brûle-graisse, n'a pas vraiment prouvé son efficacité et le contrôle positif du marcheur français Bertrand Moulinet a démontré le risque sportif d'ingérer du FG4592, un stimulateur de la production endogène d'EPO, détectable trop longtemps pour être sûr.
Les spécialistes s'accordent. "La grosse difficulté actuellement, ce sont les microdoses d'un peu tout" estime Martial Saugy, ancien directeur du laboratoire de Lausanne dans une interview à l'AFP. Un avis partagé et précisé par l'hématologue Michel Audran, spécialiste de l'étude des passeports biologiques: "Aujourd'hui, on mélange les produits en diminuant les doses. Au lieu de prendre de l'EPO, on prend un tiers d'EPO, un tiers de stéroïdes et un tiers d'hormone de croissance (hGH)" et on parie sur une potentialisation des effets.
Car si les produits n'ont pas sensiblement évolué, si certaines méthodes de détection restent encore à inventer (pour les auto-transfusions sanguines notamment), les tests antidopage existants ont eux progressé, notamment en terme de sensibilité.
Produit historique, responsable en 1988 de la chute de Ben Johnson , le stanozolol (stéroïde anabolisant, favorisant la prise de masse musculaire) a vu sa fenêtre de détection passer de 48 heures à 14 jours depuis les derniers JO. Une révolution qui a permis de révéler des centaines de cas positifs, notamment lors des analyses rétroactives commandées par le CIO sur les échantillons de 2008 et 2012. Idem pour l'Oral-Turinabol, LE dopant de l'ex-RDA que les responsables de l'antidopage pensaient tombé dans l'oubli.
- Une performance moindre -
La détection de l'érythropoïétine (EPO), hormone développant le nombre de globules rouges et favorisant l'oxygénation des muscles, utilisée principalement dans des sports d'endurance mais également par des sprinters comme l'a montré l'affaire Marion Jones , a elle aussi beaucoup progressé. Les tests sanguins, certes plus coûteux, se sont multipliés pour déceler notamment la CERA, EPO de 3e génération apparue dans les tests en 2008.
Enfin, l'hormone de croissance (hGH) et les facteurs de croissance (IGF1), longtemps indétectables et bénéfiques pour toute sorte d'activité sportive, du sprint à l'endurance, et surtout pour la récupération, sont aujourd'hui bien décelés malgré une durée de vie donc d'élimination très courte.
C'est donc "la manière de les utiliser qui a changé", note Michel Audran. "Au vu de certaines irrégularités sur les passeports biologiques, on peut imaginer des microdoses, des micro-transfusions, la combinaison de l'utilisation de plusieurs substances en doses restant en deça des seuils de détection."
Mais les expérimentations des apprentis sorciers ont leurs limites. "Certes, ils savent mieux les utiliser pour ne pas se faire prendre mais les effets sur la performances sont du coup moins terribles qu'autrefois", estime l'hématologue de Montpellier qui en voit pour preuve la stagnation, voire régression, de certains records et performances, notamment en athlétisme.
Dans ce contexte de cache-cache entre les tricheurs et la police antidopage, la généralisation des analyses rétroactives prend tout son sens. Indécelables aujourd'hui, les microdoses le seront peut-être dans six, huit ans (limite de la prescription sportive), quand les tests auront encore amélioré leur sensibilité.
Ce qui permettrait aux échantillons de Rio de parler encore juste avant les Jeux de 2024.