Happy Birthday : |
La perche de Lavillenie rejoindra-t-elle les pointes de Jesse Owens au musée olympique de Lausanne, sur les rives du Léman ? C'est l'objectif principal de la chasse au trésor qui sera menée pendant les Jeux de Rio pour collecter tenues, objets, dossards et autres raretés.
"Pour Rio, nous avons établi une liste idéale comprenant des athlètes médaillables que nous allons cibler en priorité", explique à l'AFP Yasmin Meichtry, responsable du patrimoine culturel au Comité international olympique.
"Nous portons également un intérêt particulier aux deux nouveaux sports admis, le golf et le rugby. Et nous nous intéresserons à l'équipe de réfugiés qui défilera sous le drapeau olympique", ajoute-t-elle.
Concrètement, une brigade de cinq personnes va tenter de convaincre les athlètes de céder au musée leurs maillots, chaussures, gants, bonnets ou combinaisons portés pendant les épreuves, voire des objets, "comme pourquoi pas un kayak".
"Je rêve de récupérer la raquette de Roger Federer , car il a beaucoup fait pour l'olympisme", confie Mme Meichtry.
Le Suisse, légende du tennis mondial, médaillé d'argent en simple à Londres et en double à Pékin, disputera au Brésil ses 5e et probablement derniers jeux Olympiques.
- Concurrence des collectionneurs -
La perche du Français Renaud Lavillenie , champion olympique à Londres et favori à sa propre succession, figure en haut de la "liste idéale" établie par les responsables des collections du Musée olympique de Lausanne, ouvert en 1993 à l'initiative de l'ancien président du CIO, Juan Antonio Samaranch.
Dans cette quête, des contacts en amont ont été noués avec les fédérations nationales et internationales, les comités nationaux olympiques, les chefs de mission et les équipementiers.
Un clip vidéo explicitant la philosophie de cette collecte a été envoyé aux fédérations ainsi qu'une brochure intitulée: "Faites rêver des milliers d'enfants: faites don de votre équipement".
Cette chasse au trésor, où le CIO est parfois en concurrence avec des maisons de vente et des collectionneurs privés, est organisée formellement depuis 1984 et les JO d'hiver de Sarajevo et d'été de Los Angeles.
En 2012 à Londres, 300 objets avaient été collectés. "A Rio, nous n'avons pas fixé d'objectif quantitatif, ajoute Mme Meichtry. Nous serons plus dans le qualitatif".
Outre Lavillenie, la quadruple championne olympique américaine de sprint Allyson Felix sera sollicitée, tout comme le pongiste nigérian Segun Toriola, qualifié à 41 ans pour ses 7e jeux Olympiques.
- 'Les mots des Olympiens' -
Les objets cédés rejoindront dans les collections du musée les pointes de l'Américain Jesse Owens , quadruple champion olympique en 1936 à Berlin, le maillot de la Portugaise Rosa Mota , championne olympique du marathon à Séoul en 1988, ou les trois médailles d'or de Jean-Claude Killy remportées en 1968 aux JO d'hiver de Grenoble.
"Les médailles, très peu d'athlètes s'en séparent, Killy est l'un des seuls à nous les avoir cédées", explique Patrica Reymond, responsable des collections.
La récolte de Rio viendra s'ajouter aux 70.000 objets que détient le musée olympique. Certains, d'une grande fragilité, ne seront jamais exposés, comme cette couronne de lauriers remise aux premiers Jeux de l'ère moderne en 1896 à Athènes, ou le maillot de laine de l'Américain Edward Gourdin, médaillé d'argent au saut en longueur à Paris en 1924 et offert par sa famille en 2015.
Cet athlète améridindien d'origine séminole connut un destin extraordinaire en suivant des études de droit à Harvard avant de devenir avocat puis juge.
Mais le CIO amassera durant ces JO de Rio un autre patrimoine, tout aussi précieux, un patrimoine immatériel, les "Mots des olympiens", à travers l'interview d'une soixantaine d'athlètes.
Cette base de données, qui contient déjà les paroles de 350 athlètes, dont deux monuments de l'olympisme, le nageur américain Michael Phelps et la gymnaste roumaine Nadia Comaneci , alimentera notamment la future chaîne olympique prochainement diffusée sur internet.