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Performante depuis douze ans, la natation française a sombré lors des jeux Olympiques de Rio, d'où elle rentre avec seulement deux médailles d'argent (contre sept médailles dont quatre en or à Londres) et des interrogations sur l'avenir.
. Désastre
Depuis 2004 et le sacre de celle qui deviendra l'égérie de la natation française, Laure Manaudou (400 m libre), les Bleus avaient toujours glané au moins un titre aux JO. Alain Bernard avait remporté l'épreuve reine (100 m libre) en 2008 et la France avait raflé quatre titres en 2012 (relais 4x100 m libre, Muffat sur 400 m libre, Agnel sur 200 m libre et Manaudou sur 50 m libre).
Les deux médailles de 2016 font pâle figure face aux six breloques de 2004 et 2008 et aux sept récompenses de 2012. Elles remettent la France à l'heure des JO-2000 (une médaille d'argent).
L'équipe était dépendante depuis deux ans des performances de son héros Florent Manaudou , double médaillé d'argent à Rio mais qui a dû abandonner son titre du 50 m libre, sans pouvoir jouer le sauveur sur 4x100 m libre.
. La faillite en chiffres
Seulement sept nageurs français sont entrés en finale d'une épreuve individuelle et seulement deux relais sur six. L'échec est encore plus patent en analysant les chronos de chaque Français. Seulement deux, Damien Joly (séries du 1500 m libre) et Jordan Pothain (séries du 400 m libre), ont battu leur record personnel à Rio.
Derrière Manaudou, les têtes d'affiche n'ont pas été à la hauteur de l'événement : Yannick Agnel était hors du coup, Camille Lacourt a craqué en finale du 100 m dos, Jérémy Stravius n'a pas nagé de finale individuelle, Coralie Balmy a explosé en finale du 400 m libre. Seuls Charlotte Bonnet et Mehdy Metella, à leur place en finale du 200 m libre et du 100 m papillon, ont gardé la tête hors de l'eau. Et les seconds couteaux n'ont jamais su créer la surprise, à part Joly qui nageait dans la nuit la finale du 1500 m.
Les Bleus auraient dû être une quinzaine aux Jeux de Rio selon une stricte interprétation des critères de qualification mais ils sont partis à 28 après décision du Directeur technique national. Ce pari n'a pas été payant et a dilué le niveau de l'équipe. Des jeunes ont certes eu l'occasion de s'aguerrir mais ils ont été confrontés aux réalités olympiques de façon brutale, dans un climat pas forcément épanouissant.
. Une équipe en crise
Outre l'absence de performances, la France a montré un visage pathétique avec des querelles internes et une direction technique nationale pointée du doigt. Les garçons du relais 4x200 m libre, vice-champion olympique en 2012, ont laissé éclater leur colère et leur frustration devant micros et caméras en raison de la composition chaotique du collectif. Mais la situation de crise ne date pas de Rio : elle a émergé lors des Championnats de France qualificatifs pour les JO et de la sélection qui s'en est suivie.
. Des champions au point de rupture
Avec Laure Manaudou , la natation française a compris qu'elle pouvait gagner. Mais cette natation, faite de champions d'exception, ne sait toujours pas faire durer ses stars, qui arrivent rapidement à un point de rupture. Agnel a craqué en 2013 pour ne jamais retrouver son niveau. Camille Muffat avait claqué la porte en 2014 avant de disparaître tragiquement un an plus tard, Florent Manaudou a lâché à Rio et ne nagera peut-être plus.
"On est incapable, contrairement aux Australiens et aux Américains, de dire aux nageurs +On se revoit dans six mois, faites ce que vous voulez, prenez du plaisir, respirez, voyagez+. C'est parce qu'on a peur de les perdre, qu'ils ne reviennent jamais ou qu'ils aillent (s'entraîner) avec quelqu'un d'autre", souligne auprès de l'AFP Stéphane Lecat, directeur des équipes de France.
. La fin d'une époque ?
L'équipe de France s'avance vers un avenir bien sombre, sans leader de valeur et sans relève. Florent Manaudou s'interroge mais son envie de tourner la page dès à présent est très forte. Agnel a pris sa retraite et Lacourt, qui envisageait de poursuivre pendant une saison supplémentaire, pourrait bien raccrocher plus vite que prévu.
L'ancienne génération et la nouvelle ont du mal à cohabiter, selon Bonnet, qui prend la casquette de leader féminine à 21 ans, en ayant seulement une médaille de bronze européenne en poche. A l'horizon, aucun jeune talent pour les JO-2020, ni peut-être bien pour ceux de 2024.