Happy Birthday : |
Certains ont échappé à l'oubli en prêtant leur nom à un stade, tels Jean Bouin ou Aimé Giral. D'autres ont disparu des mémoires, comme Charles Devendeville, premier champion olympique français de natation en 1900: il y a 100 ans, des centaines de sportifs, dont 9 médaillés olympiques français, tombaient au combat.
Bien loin de l'idéal olympique de paix et de rapprochement des nations sur lequel le baron Pierre de Coubertin avait relancé les Jeux modernes en 1896, l'un des pires conflits de l'histoire éclate en 1914, deux ans après les Jeux de Stockholm.
20 décembre 1916: Louis Le Beschu de Champsavin , originaire de Loire-Atlantique, médaillé de bronze aux JO de Paris en 1900 en saut d'obstacles et chef d'escadron au 20e bataillon de chasseurs à cheval, meurt des suites de ses blessures.
Huit autres médaillés olympiques français disparaissent dans l'orage d'acier de la Grande Guerre. Parmi eux le jeune Jean Bouin , vice-champion olympique sur 5000 m à Stockholm en 1912.
Le Marseillais, qui avait effacé sept records du monde (10.000 m, heure, 3.000 m...), meurt à 25 ans, le 29 septembre 1914, dans la Meuse, atteint par un éclat d?obus.
"Il faut se rendre compte que c'est une génération entière de champions, de tous sports, qui a disparu", explique Michel Merckel, historien du sport, à la tête de l'association "14-18, Sport et Tranchées".
Il faut citer Gaston Alibert , premier champion olympique français à l'épée à Londres en 1908, mais aussi Léon Flameng, champion olympique à Athènes en 1896 en cyclisme sur l'épreuve des 100 km. Henri Bonnefoy , médaillé de bronze au tir en 1908, meurt en août 1914.
Cicatrice encore très vive dans l'histoire d'un sport particulièrement cher aux Français, "14-18" emporte aussi trois vainqueurs du Tour de France cycliste: Lucien Petit-Breton, double vainqueur en 1907 et 1908, François Faber (1909) et Octave Lapize (1910), médaillé de bronze aux JO de Londres.
Le premier conflit mondial ne choisira pas le passeport des médaillés olympiques sacrifiés, qui d'adversaires dans le sport s'étaient transformés en ennemis ou alliés.
Ceux de 1912 paieront un lourd tribut. Le Hongrois Bela Bekessy, médaillé d'argent au sabre, meurt en juillet 1916. L'Allemand Fritz Bartholomae, bronze en aviron en huit, tombe le 12 septembre 1915.
Le Britannique Joseph Dines, champion olympique de football, tombe le 27 septembre 1918 dans le Pas-de-Calais, à moins de deux mois de l'armistice, selon un inventaire établi pour le CIO par l'ancien journaliste Alain Lunzenfichter.
"Au total, 425 sportifs internationaux, champions de France ou ce qui correspond de nos jours au statut d'athlètes de haut niveau, sont morts au champ d'honneur en 1914-18", précise M. Merckel, qui a milité pour l'élaboration d'un mémorial dédié à ces sportifs pour beaucoup oubliés.
Ce monument, réalisé par l'ancien rugbyman Jean-Pierre Rives, a finalement été inauguré le 21 mai au Stade de France à l'occasion de la finale de la Coupe de France de football.
"On peut voir au Panthéon, gravés sur un pan de mur, les noms des 560 écrivains tués pendant la Grande Guerre", ajoute M. Merckel, citant ainsi Charles Péguy ou Louis Pergaud.
Mais, contrairement aux hommes de lettres, "il n'y avait jamais eu un hommage de la nation française à ses champions qui, eux aussi, ont largement contribué au rayonnement international de la France". Avec ce monument au Stade de France, l'oubli est donc réparé.