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© AFP/VANDERLEI ALMEIDA
Vue du mythique stade de Maracana laissé à l'abandon à la suite d'un imbroglio politico-judiciaire, le 18 janvier 2017 à Rio
Quel héritage olympique pour Rio? Six mois après, les JO laissent surtout derrière eux de nombreuses incertitudes sur le devenir des installations sportives, malgré des améliorations du réseau de transport en commun.
En attendant le long et fastidieux processus de démontage des structures temporaires, le Parc Olympique n'accueille pratiquement plus de sportifs depuis la fin des Jeux Paralympiques, le 18 septembre.
Il est ouvert au public le week-end depuis janvier, mais reste très peu fréquenté, en raison du paysage peu agréable qui s'offre aux yeux des visiteurs: bouches d'égouts à moitié ouvertes, vestiges de chantiers jonchant le sol, sièges des gymnases abandonnés à ciel ouvert...
Le clou du spectacle: le bassin secondaire de la piscine olympique, où Michael Phelps s'échauffait avant ses exploits, est devenu un réservoir d'eau putride où pullulent toutes sortes de moustiques. Le Centre Aquatique doit être entièrement démonté d'ici le mois d'août.
À moins d'un kilomètre de là, la vente des appartements du Village olympique est au point mort.
Face aux critiques, les différents niveaux d'autorités se renvoient la balle et les délais sont encore très flous.
- Deodoro privé de piscine -
Le 20 août dernier, veille de la cérémonie de clôture, le maire de Rio, Eduardo Paes, promettait qu'il n'y aurait "pas d'éléphants blancs".
Pour ce faire, il a lancé un appel d'offres pour que le Parc soit administré par une société privée, mais aucun candidat crédible ne s'est présenté et la mairie a décidé en décembre de confier sa gestion au ministère des Sports.
Entre temps, les élections municipales sont passées par là et les nouveaux responsables, qui siègent depuis janvier, demandent du temps pour renégocier tous les contrats.
Ainsi, l'Arena do Futuro, bâtie en préfabriqués, doit être transformée en quatre écoles dans des quartiers pauvres de Rio, mais la mairie affirme que "le budget est en cours de révision, ainsi que les lieux et les délais de construction".
"En tant que citoyen, je suis très inquiet. J'ai appris à ne plus faire confiance aux politiques. Si ces écoles ne voient pas le jour, ce sera un véritable fiasco", se plaint Gustavo Martins, architecte qui a cosigné le projet original.
Selon le Comité Olympique Brésilien (COB), toutes les installations permanentes ont vocation à devenir des centres d'excellence pour sportifs de haut niveau, mais, là encore, sans projet véritablement arrêté.
"Nous aurons une réunion avec le ministère des Sports la semaine prochaine et nous espérons pouvoir utiliser les installations dès le second semestre de cette année", affirme le directeur exécutif du COB, Agberto Guimaraes.
Dans le quartier populaire de Deodoro, le grand parc de loisirs qui faisait le bonheur des enfants, avec le stade de canoë slalom transformé en piscine géante, est fermé depuis la fin de l'année dernière.
La mairie assure "tout mettre en ?uvre pour le rouvrir le plus vite possible", mais auparavant elle doit "résoudre des problèmes contractuels datant de l'équipe municipale antérieure".
- Crise économique -
"Le plan d'héritage de Rio est bon, il faut qu'il se matérialise", expliquait en janvier Christophe Dubi, directeur des JO au Comité international olympique (CIO).
Une des principales promesses de campagne de la candidature de Rio n'est pas près de se matérialiser: la baie aurait dû être dépolluée, mais continue à ressembler par endroits à un véritable égout à ciel ouvert.
Les autorités ont avoué à la fin des JO que la dépollution peut prendre plus de 25 ans et ne pourrait être réalisée sans l'apport massif d'investissements privés.
D'autres promesses ont pourtant été tenues. La construction d'une nouvelle ligne de métro et d'une voie supplémentaire pour l'accès des quartiers touristiques à Barra da Tijuca (Ouest), où ont eu lieu la plupart des compétitions, a considérablement diminué les embouteillages de la seconde ville du Brésil.
La Zone Portuaire, qui il y a quelques années était un coupe-gorge, est aujourd'hui une attraction touristique, avec de grandes esplanades et une vue imprenable sur la baie.
Sur la place où brûlait la vasque olympique, le Musée de Demain et son architecture aérienne conçue par l'espagnol Santiago Calatrava ne désemplit pas, tout comme le grand aquarium AquaRio.
La revitalisation du port, cependant, n'a pas encore atteint tous ses objectifs. La récession qui touche la première économie d'Amérique du Sud a bouché l'horizon de la construction d'un nouveau pôle financier et les projets de logement sont à l'arrêt.