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"Je suis l'homme le plus heureux du monde, parce que je suis le maire de Rio", répète comme un slogan Eduardo Paes à l'approche des JO, tremplin politique rêvé vers d'autres Olympes pour ce jeune élu décontracté et ambitieux.
"Même dans mes plus beaux rêves je n'aurais jamais imaginé arriver à faire autant de transformations dans la ville", confie à l'AFP celui qui depuis la première année de son premier mandat en 2009 s'est fixé pour objectif principal la réussite des Jeux (5-21 août).
Eduardo Paes, 46 ans, veut rester comme le maire ayant le plus transformé Rio de Janeiro depuis Perreira Passos (1902-1906), quand la ville était dénommée "le Port sale" ou "Ville de la mort" en raison de son insalubrité, et Carlos Lacerda, dans les années 60.
Son modèle est la transformation de Barcelone pour les JO de 1992.
Physique de jeune premier, chemises à col ouvert flottant sur ses jeans', Eduardo Paes, marié et père de deux enfants, vole la vedette au président du Comité d'organisation de Rio-2016, Carlos Arthur Nuzman.
Il multiplie depuis des mois les inaugurations: enceintes sportives, nouvelles infrastructures de transports comme le tramway flambant neuf qui relie le centre-ville à la zone portuaire, en partie revitalisée après des décennies d'abandon.
Cette visibilité lui a valu d'être invité à des forums internationaux où il s'exprime dans un anglais courant.
- Hâte de "prendre une cuite" -
"Il y a eu beaucoup d'investissements et Rio a gagné en qualité de vie et de travail. Il y a de la violence et encore de grands défis à surmonter, mais des progrès considérables ont été accomplis dans ce domaine", affirme l'édile, diplômé en droit.
Eduardo Paes est aussi l'aise dans les quartiers populaires qui ont forgé sa réélection triomphale en 2012, que dans les coins chics de la zone sud où il a grandi.
Dès qu'il le peut, ce fanatique du carnaval s'évade dans le quartier pauvre de Madureira pour écouter de la samba. C'est là qu'il promet d'aller "prendre une cuite" à la fin des JO, a-t-il confié à l'AFP, avec son franc parler habituel.
- Un caméléon de la politique -
Mais son côté festif et naturel cache un travailleur acharné, nerveux et ambitieux qui n'hésite pas à trancher dans le vif.
M. Paes est le maire "qui a le plus déplacé d'habitants dans l'histoire de la ville", d'après le chercheur universitaire (UFRJ) Lucas Faulhaber, cité par l'hebdomadaire Piaui.
Quelque 67.000 cariocas ont été expulsés sous ses mandats pour des raisons diverses, allant de risques d'éboulement à la construction de nouvelles voies de transports publics, ou la construction du Parc olympique près de la favela de la Vila Autodromo (zone ouest).
Ces expulsions ont donné lieu à de nombreuses manifestations parfois réprimées violemment par la police.
Il est aussi soupçonné de clientélisme. Un juge a bloqué récemment l'initiative de la municipalité d'acheter 547.000 billets d'entrée des jeux Olympiques pour les offrir à des fonctionnaires. Et son nom est apparu sur une liste d'un des géants du BTP impliqués dans le scandale de corruption Petrobras qui ébranle le pays.
Eduardo Paes est entré à l'âge de 23 ans en politique, au début des années 1990. Dès 1998, il a été élu député fédéral. Après avoir changé plusieurs fois de parti politique, il est revenu en 2007 à sa formation d'origine, le grand parti PMDB, plus fourre-tout que "centriste".
Le PMDB est le parti du président par intérim Michel Temer, qui a remplacé Dilma Rousseff, écartée du pouvoir en mai dans le cadre d'une procédure en destitution qui débouchera fin août, juste après les JO.
La dirigeante de gauche se dit victime d'un coup d'Etat parlementaire ourdi par M. Temer.
M. Paees a toujours clamé sa "parfaite entente" avec l'ancien président de gauche Lula et Mme Rousseff qui lui a succédé. Il affirme aujourd'hui diplomatiquement que son "rôle comme maire est de bien s'entendre avec le président quel qu'il soit".
Il est parfois cité comme potentiel candidat du PMDB à l'élection présidentielle de 2018. D'autres voient en lui le futur gouverneur de l'Etat de Rio.
Lui ne parle que de "prendre une année sabbatique" lorsqu'il quittera la mairie à la fin de ses deux mandats en octobre où il tente de placer un protégé accusé... d'avoir battu sa femme.
Sans écarter pour autant de futures candidatures "à d'autres élections".