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Simone Biles "n'a pas volé" ses cinq médailles dont quatre en or aux JO-2016, mais le président de la Fédération internationale de gymnastique (FIG), l'Italien Bruno Grandi (82 ans), juge ses "mouvements artistiques un peu forcés", dans un entretien à l'AFP.
Q: Qu'est-ce qui vous a frappé dans ces tournois?
R: "Les athlètes font des acrobaties, mais il faut bien les faire. C'est de la gymnastique artistique, pas seulement acrobatique. L'unique chose avec laquelle je ne suis pas d'accord avec les juges --et c'est une opinion personnelle et pas une critique: pour moi, la gymnastique de la deuxième Américaine (Aly Raisman) était plus artistique que celle de la première ( Simone Biles ) (dans la finale au sol mardi). La première, c'est de l'acrobatie. Chez les hommes, ils ont transformé la barre fixe, et font des choses extraordinaires. Les athlètes des anneaux, lundi, ils étaient dans un ascenseur (rires)! Ils maintiennent un équilibre entre la force et l'élan."
Q: Vous estimez donc que Biles manque d'élégance?
R: "Le sens de l'artistique est lié à la personnalité, mais aussi à la morphologie. Elle est presque une bombe, avec une élévation spectaculaire. A chaque fois qu'elle cherche à faire des mouvements artistiques, ils semblent un peu forcés. Mais elle a gagné, et elle ne l'a pas volé ! Quand je suis devenu président, j'ai essayé de maintenir ce sport dans sa terminologie: gymnastique artistique."
Q: Est-ce une bonne chose que Biles et Uchimura dominent autant la gymnastique?
R: "Tous deux ont démontré le niveau maximum de la gymnastique d'aujourd'hui, mais il n'est pas dit que ce soit définitif. La Néerlandaise (Sanne Wevers) à la poutre était beaucoup plus esthétique (que Simone Biles ). C'était la plus belle gymnaste qu'on ait pu voir ici. C'était vraiment de la gymnastique artistique à la poutre, dans laquelle l'équilibre domine tous les autres aspects."
Q: Où placez-vous Biles et Uchimura dans l'histoire?
R: "C'est difficile de comparer. J'étais à côté de Nadia (Comaneci), et je lui ai demandé ce qu'elle pensait. Elle m'a dit que j'avais raison de dire que la gymnastique avait un peu perdu sa caractéristique. Nadia a été la perfection. Si nous regardons maintenant ce qu'elle faisait, ce ne sera pas la perfection, mais à l'époque, elle l'était. La gymnastique a augmenté en spectacularisation, mais dans l'exécution aussi. Biles fait de la difficulté avec la tenue du corps. Les athlètes qui font 1,70 mètre, quand ils font un mouvement et maintiennent le corps, c'est plus beau que les doubles mouvements de Biles. Mais je dois dire que Biles est un phénomène."
Q: Comment expliquez-vous le zéro titre de la Chine?
R: "Ils sont restés bloqués à une force de mécanisme. Maintenant, ils changent un peu. Ceux qui ont beaucoup changé, ce sont les Japonais. Ils ont amélioré leur construction d'exercice en sortant des chorégraphies de l'Est pour aller vers l'Ouest, c'est-à-dire plus d'harmonie, de fantaisie, de créativité. Je ne critique pas la culture japonaise, qui est immense, mais ils ont construit un exercice agréable pour les spectateurs. Ils sont sortis de la tradition, et les Chinois devraient faire la même chose. S'ils restent comme ça, ce sont des robots, ils sont parfaits sur les lignes géométriques, mais l'eurythmie n'existe pas."
Q: Quel bilan faites-vous de votre expérience à la tête de la FIG, dont vous allez quitter la présidence fin 2016 au bout de 20 ans ?
R: "J'ai lutté pour élever l'âge (16 ans chez les filles et 18 chez les garçons) --les Chinois m'en ont voulu-- pour terminer une forme d'esclavagisme. Imaginez un garçon de sept, huit ans qui travaille sept, huit heures par jour... Quand j'ai fait la révolution copernicienne de la notation et éliminé le 10 magique, j'ai reçu des lettres de menace des Américains. J'ai aussi changé la qualification avec quatre gymnastes par équipe (à partir des JO-2020). J'ai amené les athlètes au comité exécutif. Des Brésiliens m'ont dit que j'avais humanisé le sport. Peut-être que je l'ai humanisé."