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La boxe féminine française ne pouvait espérer meilleure entrée aux jeux Olympiques, vendredi à Rio, que cette victoire de la pionnière Sarah Ourahmoune par décision unanime des juges au quatrième round, sous les vivats d'une salle largement acquise à sa cause.
17h15 locales (22h15 françaises), Ourahmoune, 34 ans, prend place dans le coin bleu. Face à elle, la Marocaine Zohra Ez Zahraoui. L'enjeu est sportif bien sûr - une place en quart de finale - mais pas uniquement: elle va être dans quelques secondes la première Française à boxer aux JO.
"Ca n'est pas quelque chose auquel j'ai pensé en montant sur le ring, même si je l'ai entendu toute la journée et depuis pas mal de semaines", confie la poids mouche (51 kg) à l'AFP quelques minutes après sa première victoire olympique.
"J'ai déjà pas mal de pression parce que les entrées en compétition sont assez stressantes, donc j'essaie de me focaliser sur la stratégie et d'être dans une grosse préparation mentale en me disant qu'il faut que je sois agressive, déterminée", poursuit-elle.
Surtout face à une adversaire plus grande, à l'allonge plus importante, qu'il ne fallait en aucun cas laisser prendre ses aises entre les cordes.
La stratégie fonctionne et la petite Française prend l'avantage dans le deuxième round. Son adversaire fatigue, trébuche. De plus en plus de voix se joignent à celles de ses proches pour crier "Sarah, Sarah, Sarah", emplissant une salle à moitié vide.
Troisième round, Ourahmoune mène les débats et le public, qui ne s'y trompe pas, tape furieusement des pieds.
Quatrième round, la boxeuse à l'impressionnant palmarès (championne du monde en 2008, trois fois championne de l'Union européenne, 10 fois championne de France) est déclarée vainqueur. Elle a réussi son entrée, et celle de la boxe féminine hexagonale, aux JO.
- 'Vitrine sur le monde' -
"Maintenant qu'on est en dehors du ring, on y pense et c'est une fierté", sourit la boxeuse de 34 ans. "C'est bien pour la boxe féminine, c'est l'occasion d'avoir une vitrine sur le monde et de faire parler de notre discipline. Je suis sûre que, par la suite, il y aura plein de jeunes filles qui vont oser franchir les portes d'une salle de boxe".
Ce qu'elle a fait elle-même il y a vingt ans, au Boxing Beats, club d'Aubervilliers, dans la banlieue nord de Paris.
Pour Ourahmoune, la qualification pour le Brésil avait un goût de revanche: peu l'imaginaient capable de revenir au plus haut niveau après une grossesse et deux ans d'absence, suite au rendez-vous manqué des Jeux de Londres.
En effet, pour le baptême olympique de la boxe féminine en 2012, ni elle ni aucune autre Française n'était parvenue à se qualifier.
Cette fois, l'erreur est réparée et la boxeuse espère s'offrir une première encore plus inoubliable: "Mon objectif, c'est décrocher le titre. Sur les quatre derniers combats, je me suis fixé quatre victoires. L'objectif est de donner tout ce que je peux, le meilleur, et de ne pas avoir de regrets."
Dans les pas de Sarah Ourahmoune, une autre Bleue, Estelle Mosselly (60 kg), championne du monde en titre, entrera en lice lundi, directement en quarts de finale, pour une deuxième tout aussi historique.