Happy Birthday : |
© AFP/PASCAL GUYOT
Le Koweïtien Fehaid al-Deehani, sacré champion olympique au double trap, sous la bannière olympique, le 10 août 2016 aux JO de Rio
Le Koweït, exclu des JO pour "ingérence", a brièvement mis de côté ses différends politiques pour accueillir avec enthousiasme et récompenser largement ses deux athlètes médaillés à Rio, où ils s'alignaient sous la bannière olympique.
Dirigeants politiques et organisations sportives ont félicité les athlètes d'une même voix, le ministre de l'Information et de la Jeunesse refusant de "politiser la victoire".
Sous bannière olympique, les tireurs koweïtiens ont brillé avec le sacre de Fehaid al-Deehani, 49 ans, qui a décroché l'or au double trap mercredi, et la médaille de bronze d'Abdullah al-Rashidi, 53 ans, en skeet.
Considérés comme des héros, leur victoire a entraîné une vague d'euphorie. Et le visage de al-Deehani, premier champion olympique de l'histoire du pays, orne déjà les tours de Koweit City, écrasée par la chaleur estivale (50°c).
Les deux héros ont été reçus mardi par l'Emir Sabah al-Ahmad al-Sabah dans son palais. Le médaillé d'or a reçu une prime de 330.000 dollars (292.000 EUR), alors que le bronze a rapporté 50.000 dollars (44.500 EUR) à al-Rashidi.
Les deux sportifs percevront également des rentes mensuelles: Al-Deehani recevra 16.500 dollars (14.600 euros) par mois jusqu'aux jeux Olympiques de Tokyo en 2020. La médaille de bronze rapportera à Abdullah al-Rashidi 9000 dollars (8800 euros) mensuels pendant quatre ans.
Tous deux ont également reçu des cadeaux (deux kilos d'or, une voiture et des cadeaux d'une valeur de 100.000 dollars) de la part de donateurs privés.
Mais derrière les médailles, il y a une ombre: les deux Koweitiens ont été contraints de disputer les JO sous les couleurs olympiques, car le CIO, imité par la Fifa, avait suspendu en octobre dernier le Koweït en raison d'"ingérence gouvernementale" dans les instances sportives locales.
"Lorsque j'étais sur le podium, je n'ai pas regardé le drapeau olympique, j'ai baissé la tête et j'ai pensé au drapeau koweïtien", a raconté al-Rashidi.
Al-Deehani, lui, n'a pas eu droit à l'hymne national koweïtien en montant sur la plus haute marche.
- Deux clans s'opposent -
La mise à l'écart du Koweit trouve sa source dans les profondes divisions qui parcourent le Koweit. Avec d'un côté le gouvernement, et de l'autre les frères Al-Fahad, très puissants dans le domaine du sport.
Le ministre d'Etat à la Jeunesse, Salmane al-Hamoud al-Sabah, a dit au quotidien Al-Raï "ne pas vouloir politiser la victoire ou l'instrumentaliser". "L'intérêt et l'avenir du Koweït priment. Cette victoire confirme que nous méritons mieux", a-t-il déclaré.
Le camp adverse estime, au contraire, que ces médailles devraient encourager le changement. Le président du Comité olympique Talal al-Fahad, frère d'Ahmad al-Fahad, a insisté sur "la nécessité de changer le manque de vision et le mauvais chemin qui ont placé (les) athlètes dans des situations difficiles, et les a empêchés de célébrer cette victoire historique".
Les deux sportifs se trouvent eux coincés entre les deux clans. "Participer aux Jeux sous la bannière olympique s'est retourné contre eux", a déclaré al-Deehani, sans préciser s'il visait le gouvernement ou l'homme fort du sport koweïtien Ahmad Al-Fahad, qui se renvoient la responsabilité de cette mise à l'index.
"Beaucoup de sceptiques se rendent compte aujourd'hui que cette participation et cet exploit sont à l'avantage du pays. Nous avons réussi à gagner le c?ur des téléspectateurs, des supporters et du monde arabe", a dit al-Deehani lors de son retour à l'aéroport de Koweït dimanche soir.
Officier dans l'armée, le champion olympique avait refusé de porter le drapeau olympique lors de la cérémonie d'ouverture le 5 août.