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Quand l'eau des bassins de natation devient aussi opaque que de l'encre de seiche: la confusion règne autour de Yannick Agnel , a priori privé de JO sur 200 m après une course polémique mercredi... mais qui pourrait finalement passer par un trou de souris en vertu de règlements complexes mis en avant jeudi par la Fédération.
. Le chrono polémique
Agnel "a un chrono, mais il est censé ne pas être bon". Comprenne qui pourra cette phrase lâchée jeudi par le Directeur technique national (DTN), Jacques Favre, qui ajoute une couche de confusion à un imbroglio débuté mercredi soir.
Au centre des questions: la place d'Agnel sur le 200 m libre des Championnats de France à Montpellier. Lui estime être 2e, derrière Jérémy Stravius (1:46.18) et devant Jordan Pothain (1:46.81), mais c'est la 3e place qui lui a été attribuée (en 1:46.99), après des heures de confusion.
"Je n'ai aucun mal à avouer, après avoir vu les vidéos (NDLR: les images télévisées), que Yannick est devant. Mais l'erreur de chrono n'est pas mon problème", a avoué Pothain jeudi.
Les images de la télévision semblent en effet montrer une avance d'Agnel. Mais l'arrivée d'une course n'est pas jugée via la vidéo: c'est le chronomètre qui fait foi, et il est arrêté lorsque le nageur touche une plaque de la main à l'arrivée en bout de bassin.
L'entraîneur d'Agnel, Lionel Horter, a admis que son poulain avait "touché très bas sur la plaque", ce qui "peut poser des problèmes techniques".
2e ou 3e, la différence est de taille: en cas de 2e place, Agnel aurait conservé une chance d'être repêché pour défendre son titre aux JO, ce qui n'est théoriquement plus le cas après la confirmation de sa 3e place.
Mais la natation française peut-elle se passer d'une des ses stars aux Jeux, sur sa distance de prédilection, même si elle est en méforme ? Les déclarations de ses responsables jeudi semblent montrer qu'une fenêtre existe pour Agnel. "On va tout analyser et mettre la meilleure équipe possible à Rio", a glissé Favre.
. Des critères complexes
Pour comprendre la petite chance qu'il reste à Agnel, il faut sortir sa calculatrice et de l'aspirine.
Car la DTN avait établi des critères de sélection comprenant 3 niveaux de qualification pour les JO.
Pour se qualifier directement, il fallait être dans les 2 premiers aux Championnats de France, tout en nageant plus vite en finale que 1:46.06, temps minimum établi par la Fédération française. Aucun nageur, ni Stravius, ni Agnel, ni Pothain, n'y est parvenu.
Deuxième possibilité, qui ouvre la voie à un repêchage: avoir terminé dans les 2 premiers tout en nageant plus vite que le "temps standard A" (1:47.97) défini par la Fédération internationale (Fina) et en s'approchant au plus près du temps de référence français (1:46.06).
Sur l'intégralité des épreuves des Championnats de France, seuls 6 nageurs chez les messieurs et 6 chez les dames peuvent bénéficier de cette règle (cela devrait être le cas de Stravius).
Agnel, lui, aura une dernière chance à saisir aux Championnats d'Europe à Londres (16-22 mai): s'il y réalise ce chrono standard A, il pourrait alors être retenu pour le 200 m des JO de Rio. Mais cela resterait à la discrétion du DTN, ont expliqué jeudi les responsables français.
"On a déjà vu dans le passé des nageurs qui avaient réalisé des très bons temps après une sélection où ils avaient failli, et qui avaient ensuite été intégrés", a souligné Stéphane Lecat, directeur de l'équipe de France.
En individuel, outre le 200 m, Agnel peut encore tenter de décrocher un billet pour Rio sur le 100 m libre vendredi aux Championnats de France. Mais l'épreuve est très relevée et Agnel loin d'être dans les meilleurs. Il est également inscrit sur 400 m libre samedi, mais ne se fait pas d'illusion.
Seule certitude pour le nageur à cette heure: il ira aux JO de Rio au sein du relais 4x200 m libre, avec Stravius, Pothain et Lorys Bourelly.
Une première liste de sélectionnés pour Rio sera communiquée mercredi. La liste définitive sera annoncée après l'Euro à Londres.
. Drôle de recours
Le camp Agnel a annoncé mercredi soir sa volonté de déposer un recours devant le Comité national olympique français (CNOSF)... auquel il ne croit pas. "Les recours c'est pas notre tasse de thé et d'ailleurs j'y crois pas, je ne suis pas sûr que ça changera le résultat", a dit Horter, assurant qu'il s'agissait avant tout d'une question de principe.
. Une saison tourmentée
Au-delà de cette polémique surréaliste, Agnel est en grande difficulté cette saison où ses chronos ont été très moyens. Depuis 3 ans, il traverse des tumultes avec trois changements d'entraîneurs. La saison dernière, il a été très affecté par le décès de la nageuse Camille Muffat dans l'accident d'hélicoptère sur le tournage de l'émission télévisée "Dropped" en Argentine. Et il avait renoncé aux Mondiaux en raison d'une inflammation de la plèvre.