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La flamme olympique a été transmise à une délégation brésilienne, mercredi à Athènes, à cent jours des JO de Rio de Janeiro, jusqu'alors éclipsés par la crise politique et la récession économique suraiguës qui sévissent au Brésil.
Ce fut un passage de flambeau au sens littéral de l'expression: allumée à Olympie le 21 avril, la flamme a été transmise au président du Comité organisateur de Rio-2016, Carlos Nuzman, par le N.1 de l'olympisme grec, Spyros Kapralos, à 15H45 GMT dans le stade de marbre d'Athènes, théâtre des premiers jeux Olympiques modernes en 1896 et, ce mercredi, d'une cérémonie au décorum antique.
"Le Brésil attend la flamme avec excitation et passion", a assuré M. Nuzman, en promettant des Jeux pleins de "musique, de poésie, d'amour". Soit l'espoir - illusoire ? - d'une trêve olympique dans un pays fracturé.
Mais avant d'arriver au Brésil le 3 mai, la flamme fera un détour très symbolique par la Suisse, pays-hôte du Comité international olympique (CIO): elle passera par l'ONU, à Genève, puis au Musée olympique de Lausanne, sous le regard de la statue de Pierre de Coubertin, inventeur des JO modernes.
Puis direction Brasilia, pour un long périple à travers le géant continental jusqu'au 5 août et l'entrée dans le mythique stade du Maracana à Rio.
- Chaos politique -
Pour marquer le coup du J-100, des sites célèbres de Rio (le Christ du Corcovado, les Arcs de Lapa, le Maracana, etc.) et de capitales du monde entier devaient s'éclairer ce mercredi soir aux couleurs vert et jaune du Brésil.
Des manifestations artistiques et sportives se tiennent également dans certains points de la "Ville merveilleuse", comme la place Cinelândia et la gare Central do Brasil.
Les installations sportives sont prêtes, sauf le Centre de tennis (achevé à 92%) et surtout le Vélodrome (85%), où "la piste est pratiquement prête", selon le maire, Eduardo Paes. Il a assuré mercredi, en conférence de presse, qu'il y a eu "un retard puis une reprogrammation, dans laquelle on est en avance".
Mais avant l'arrivée de la torche olympique, c'est un feu politique qui gronde au Brésil: sa présidente, Dilma Rousseff, est sur un siège éjectable et risque la destitution, accusée par l'opposition d'avoir maquillé les comptes publics. Et c'est donc son vice-président et désormais adversaire, Michel Temer, qui pourrait bien déclarer les Jeux ouverts...
"Indépendamment des couleurs politiques et idéologiques, coup d'Etat ou pas coup d'Etat, destitution ou pas destitution, tout le monde au Brésil a la bonne notion de l'importance de l'événement", estime M. Paes. "La présidente Dilma a beaucoup collaboré à ce processus au long des années, et, même si je ne veux pas trop m'avancer sur ce qui va se passer, je suis sûr que tous les acteurs politiques ont la même volonté".
- Des décès dans la préparation -
La tension politique est en tout cas telle que les milliers d'ouvriers s'affairent dans l'indifférence générale aux ultimes préparatifs des premiers jeux Olympiques en terre sud-américaine.
Ou presque: l'Inspection du travail de l'Etat régional de Rio a fait état de onze décès parmi les ouvriers des divers chantiers olympiques, soit "l'équivalent d'une équipe de football en morts". "Tout vient du manque de planification, sans doute. Et de la course contre la montre au moment de finir", a estimé Elaine Castilho, responsable de l'audit sur les travaux olympiques.
En marge de ces chantiers, il y a eu aussi l'écroulement d'un tronçon de la nouvelle piste cyclable, qui a fait au moins deux morts la semaine dernière.
Mercredi, Amnesty International s'est émue d'autres morts: "Les habitants de nombreuses favelas de Rio de Janeiro vivent dans la terreur après au moins onze homicides par arme à feu imputables à des policiers depuis le début du mois" d'avril, a affirmé l'organisation de défense des droits de l'Homme, sans toutefois établir de lien direct avec les préparatifs des JO.
Sur le front sanitaire, 91.000 cas probables de contamination au virus Zika ont été dénombrés au premier trimestre au Brésil, où l'épidémie de chikungunya a parallèlement connu une forte hausse par rapport à 2015.