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Avec un record de six médailles assurées, et pourquoi pas un titre, les boxeurs français ont spectaculairement redressé la barre après des Jeux de Londres ratés, en misant sur une réorganisation interne, du travail et un véritable esprit d'équipe.
+ LONDRES, ANNÉE ZÉRO
Avec zéro médaille et aucune représentante engagée dans le tableau dames, les jeux Olympiques de Londres en 2012 ont été un échec pour la boxe tricolore. Une claque, après les trois médailles de Pékin-2008, la meilleure moisson depuis 1920.
En coulisses, ça grince. Le président de la Fédération (FFB) Humbert Furgoni, suspendu par la Fédération internationale, saute aux élections de février 2013. Il avait déclaré à France 2, dans une séquence filmée en caméra cachée, que "la France n'a pas eu de médaille olympique (à Londres, ndlr) car elle n'est pas assez riche pour avoir une influence internationale importante".
Le nouveau président de la FFB, André Martin, soutenu par le dernier champion olympique français Brahim Asloum (en 2000), joue la carte du rassemblement. Mais le contexte est difficile : la Fédération est épinglée par un rapport acerbe du ministère des Sports, qui pointe des "errements" et évoque sa "fragilité financière".
"La Fédération était sinistrée", résume le Directeur technique national Kévinn Rabaud. "Un nouveau projet a été mis en place, mené par d'autres hommes. Et quand les intérêts particuliers se taisent devant l'intérêt général, on aboutit au succès."
+ DU TRAVAIL ET DU TRAVAIL
Avec des moyens limités (environ 4 millions d'euros de budget pour 50.000 licenciés, 25 fois moins d'argent que le rugby pour neuf fois moins de licenciés), la Fédération compte d'abord sur l'investissement personnel des boxeurs et de l'encadrement.
"Au début de l'olympiade, nous n'avons emmené sur les compétitions internationales que les athlètes qui avaient un potentiel de médaille", explique Rabaud. "On a fixé des critères de sélection élevés, et les athlètes ont répondu présent, ce qui a permis d'élever leur niveau." Bilan : onze qualifiés pour les JO (et dix effectivement présents) dont deux femmes, contre cinq en 2012.
"Après Londres, on s'est remis en question et surtout au travail", relève Anthony Veniant, un des entraîneurs nationaux, en charge des femmes. "On a fait beaucoup de stages depuis 2012, il n'était pas question de ne pas être présent en 2016."
Les deux derniers mois avant les JO, les Bleus les ont ainsi vécu le baluchon sur l'épaule, entre Cuba, l'Irlande, les Etats-Unis et l'Allemagne. "Ca a permis de prendre connaissance des adversaires potentiels et surtout de s'aguerrir", souligne Rabaud.
Dans le même temps, les boxeurs, dont les entraîneurs de club ont été davantage impliqués, ont bénéficié d'une préparation individualisée. "Je crois que les athlètes ont vraiment ressenti que l'on s'intéressait à eux", insiste Veniant.
+ PRIORITE COLLECTIF
La grande force de l'équipe à Rio est peut-être son état d'esprit. La "Team Solide", surnom né de celui attribué à Christian M'Billi (-75kg), s'est resserrée au gré des stages.
"Ca nous a rapprochés, ça devenait une deuxième famille, comme un cocon", relève Mathieu Bauderlique (-81 kg), médaillé de bronze. "Heureusement qu'il y a cette solidarité du groupe, sinon ce serait très dur de tenir."
"On sait la difficulté, ne serait-ce que de faire le bon poids, de s'entraîner tous les jours, de se faire mal en se dépassant", appuie Asloum. "C'est ce qui fait qu'on se rapproche tous les uns des autres".
En tribunes ou ailleurs, les Bleus affichent volontiers leur cohésion, dans le sillage du capitaine Souleymane Cissokho. En bronze lundi (-69 kg), il a décliné la traditionnelle célébration de sa médaille au club France car il se considère encore en compétition tant que ses partenaires le sont.
"On est une famille, on se tire tous vers le haut", s'enthousiasme-t-il. "Ils sont tous motivés, ils sont gonflés à bloc, ils sont magiques."