Happy Birthday : |
Face à la Russie, le Comité international olympique (CIO) et l'Agence mondiale antidopage (AMA) se sont déchargés de leurs responsabilités sur les fédérations, les forçant à prendre des décisions iniques, à dix jours des Jeux de Rio, a accusé mercredi le président de la commission médicale de l'aviron mondial, Alain Lacoste.
Selon le médecin français, interrogé par l'AFP au lendemain de l'exclusion des Jeux de 19 rameurs russes contre lesquels n'existe pourtant aucune preuve de dopage, le CIO avait "la possibilité de suspendre la Russie".
De même, au sujet de ce critère privant des Jeux de Rio tout athlète russe sanctionné une fois par le passé pour dopage, quand bien même il aurait purgé sa peine, M. Lacoste estime que le CIO "aurait dû l'appliquer aux athlètes de tous les pays", afin d'éviter toute iniquité.
"Quand je pense que l'agence américaine antidopage (NDLR: Usada) demandait l'exclusion des Russes!", s'emporte-t-il.
"Je veux rappeler la nationalité de Justin Gatlin (athlétisme), Lance Armstrong (cyclisme), Marion Jones (athlétisme) ou Tyler Hamilton (cyclisme), le premier pris pour dopage à une transfusion sanguine... J'aimerais que chacun balaye devant sa porte", accuse le médecin savoyard, en citant ces sportifs américains ayant défrayé la chronique en matière de dopage, dont Gatlin, suspendu cinq ans mais qui sera bien à Rio sur 100 m face à Bolt.
"On boit la tasse. On a essayé de faire de notre mieux le travail que nous a imposé le CIO, mais il est inadmissible d'avoir à travailler ainsi, à dix jours des Jeux", a dénoncé Dr Lacoste, en poste depuis 2000 à la Fédération internationale d'aviron (Fisa).
Le médecin est également très en colère contre l'AMA.
- 'C'est catastrophique' -
"En 2013, sur demande de l'AMA, on a signé un contrat avec l'agence russe antidopage pour échanger nos données et faire pratiquer par eux les contrôles sur les Russes. L'AMA garantissait la sécurité du système", reprend-il. "Et aujourd'hui on nous dit qu'il faut supprimer ces résultats (alors que) jamais je n'ai reçu de document de l'AMA me demandant de faire attention à la fiabilité des résultats du laboratoire de Moscou".
M. Lacoste est par ailleurs extrêmement dubitatif en ce qui concerne la rigueur du rapport McLaren, qui a dévoilé les rouages du système de dopage d'Etat russe le 18 juillet. Ainsi il s'est étonné auprès de l'AFP que ce document fasse état d'un contrôle positif aux stimulants effectué hors compétition, alors que les stimulants ne sont justement pas interdits hors compétition.
Lundi, la FISA avait exclu trois premiers rameurs russes sur la base des deux premiers critères édictés par le CIO: ne pas apparaître dans le rapport McLaren et ne pas avoir été sanctionné pour dopage.
Mardi, 17 autres rameurs et deux barreurs ont été interdits de JO pour n'avoir pas été assez souvent testés en dehors de Russie. Mais "rien ne nous permettait de dire qu'ils étaient dopés", déplore le Dr Lacoste.
"C'est catastrophique", reprend-il. "Tous les athlètes du monde ne sont pas traités de la même manière" et "d'autres rameurs n'ont pas été autant testés que les Russes".