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Le CIO a renoncé à "l'option nucléaire" dimanche: le Comité olympique russe n'est pas suspendu pour les Jeux de Rio, et ce sera donc aux Fédérations internationales de trier et d'éliminer les sportifs contaminés par le "système de dopage d'Etat" russe, via certains critères stricts.
Seuls les athlètes restent éliminés des JO (5-21 août), après la confirmation par le Tribunal arbitral du sport de Lausanne jeudi du droit de la Fédération international d'athlétisme (IAAF) à suspendre collectivement l'athlétisme russe.
"Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde", a reconnu le président du CIO Thomas Bach dans une conférence de presse par téléphone, en affirmant avoir "placé la barre le plus haut possible".
"C'est un triste jour pour le sport", a effectivement commenté l'Inado, l'Institut international des agences antidopage, cité par le Guardian britannique sur son site internet.
"De façon décevante, au moment le plus important pour les athlètes propres et pour l'intégrité des jeux Olympiques, le CIO a refusé de jouer un rôle leader déterminant", a insisté Travis Tygart, directeur exécutif de l'Usada, l'agence antidopage américaine, dans un communiqué.
La Russie par contre s'est montrée "reconnaissante" de la décision "objective" du CIO, voulant croire qu'une "majorité" des sportifs russes sélectionnés par leur comité olympique (387) iront bien à Rio.
- Le Koweit, pas la Russie -
Accueil favorable aussi à la décision du CIO chez l'ANOC, l'association des Comités olympiques nationaux, qui s'est "félicitée que le CIO ait privilégié la justice individuelle à la responsabilité collective".
Pas d'"option nucléaire" donc, pour reprendre les termes de Dick Pound, le fondateur de l'Agence mondiale antidopage. C'est l'AMA qui a été à l'origine des révélations sur la Russie, avec deux rapports successifs, dont cette enquête McLaren qui a dévoilé lundi les rouages du dopage russe, sous la direction du ministère des Sports et avec l'aide "active" des services secrets du Kremlin.
Le CIO n'a donc pas pris pour la Russie la mesure qu'il avait su prendre en 2015 en suspendant le Comité olympique koweïtien, pour "ingérence gouvernementale indue".
Par le passé, le CIO avait exclu l'Afghanistan des Talibans des JO de Sydney en 2000, et l'Afrique du Sud de l'apartheid durant sept Jeux successifs, de 1964 à 1988. Mais aucune nation jusqu'à présent n'a été sanctionnée pour dopage.
Après la publication du rapport McLaren, Thomas Bach avait pourtant évoqué "une atteinte choquante et sans précédent à l'intégrité des sports et des JO".
L'AMA, qui n'avait pas encore réagi dimanche soir, avait elle aussi jugé indispensable d'"empêcher la participation des sportifs russes aux compétitions internationales, y compris les JO de Rio, tant que (la Russie) n'aura pas réalisé un +changement de culture+".
- Stepanova privée de Rio -
Si sanction il y a eu de la part du CIO, elle a visé Yuliya Stepanova, la lançeuse d'alerte à l'origine des révélations sur le dopage russe. "Malgré sa contribution à la protection des athlètes propres", précise le communiqué du CIO, cette spécialiste du 800 m ne sera pas autorisée à courir à Rio car elle a été sanctionnée pour dopage dans le passé.
En confiant aux Fédérations internationales le soin de trier parmi les sportifs russes, le CIO a certes fixé des critères très stricts à respecter. Et notamment celui de ne retenir aucun athlète ayant été condamné pour dopage dans le passé, quand bien même il aurait déjà purgé sa peine.
Mais ce critère justement a déjà suscité de vives critiques. "C'est totalement incohérent, Introduire une telle interdiction pour les Russes à la dernière minute, tout en autorisant des athlètes d'autres pays au même pedigree !", s'est insurgé le Britannique Greg Rutherford , champion olympique à la longueur, toujours dans le Guardian.
Une référence claire à Justin Gatlin par exemple, le sprinteur américain en lice pour le titre olympique sur 100 m à Rio après avoir été deux fois suspendu pour dopage, pendant cinq ans au total.
Pour sélectionner les sportifs réellement +propres+, les Fédérations internationales devront également passer au crible le CV antidopage des candidats en s'assurant qu'ils ont tous subi des "contrôles crédibles", et donc faits hors de Russie.
- 'Guerre froide' -
Combien seront les sportifs russes au Village olympique de Rio, qui a ouvert ses portes dimanche ? Une certitude: il y aura Darya Klishina, la seule athlète repêchée par la Fédération internationale de l'athlétisme.
Mercredi, le Comité olympique russe avait couché 387 noms au total sur sa liste pour Rio. Ils ne sont plus que 320 avec l'exclusion définitive de 67 des 68 athlètes engagés.
Mais quid des volleyeurs, champions olympiques à Londres en 2012, des lutteurs, revenus d'Angleterre avec 11 médailles, ou d' Aliya Mustafina , la gymnaste en or olympique aux barres asymétriques ? Les autres Fédérations seront elles aussi rigides que l'IAAF et appliqueront-elles strictement les critères fixés par le CIO ?
Du côté du tennis, l'ITF n'a pas tardé à répondre dimanche soir: feu vert pour les huit Russes engagés !
D'autres Fédérations semblent frileuses, comme celle de judo, présidée par l'Autrichien Marius Vizer, qui veut éviter une "guerre froide". Et qu'attendre de la Fédération internationale d'escrime, présidée par un Russe ?
Si elles refusaient de jouer le jeu, le dernier mot resterait cependant au CIO. La Charte olympique lui donne le droit d'accepter ou non l'inscription de chaque sportif.
Ce processus complexe pourra-t-il aboutir, à 12 jours du coup d'envoi des JO ? Car, il faudra compter avec les inévitables recours au TAS des athlètes russes qui seront recalés.
Certains sportifs russes pourraient être déclarés inéligibles "après les Jeux" craint ainsi le président de la Fédération internationale d'aviron, le Français Jean-Christophe Rolland .