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"La femme arabe a sa place dans la société". Le message de la Tunisienne Inès Boubakri après sa médaille de bronze en escrime a résonné de façon toute particulière aux JO de Rio, où les femmes arabes ont remporté un nombre de titres sans précédent.
Six médailles, presque autant que les hommes: le résultat est historique. Depuis leur première participation aux jeux Olympiques, en 1972 à Munich, elles avaient remporté en tout dix médailles, dont deux à Londres en 2012. Dans le même temps, les hommes en avaient récolté 59.
La performance n'est pas anodine, car si les femmes sont de plus en plus visibles dans le sport, comme dans les affaires et la politique, elles souffrent encore de très fortes discriminations vis-à-vis des hommes dans les sociétés arabes, profondément patriarcales.
A Rio, les héroïnes sont égyptiennes, tunisiennes ou barheïnies et se sont distinguées en haltérophilie, lutte libre, taekwondo, 3000 m steeple, marathon et escrime.
Une variété spectaculaire de disciplines alors que leurs titres se limitaient jusque-là à l'athlétisme.
Le bronze de l'escrimeuse Inès Boubakri "est historique pour la Tunisie. J'espère que ce sera un message pour tous les Tunisiens, surtout pour les jeunes", s'est-elle réjouie.
Du bronze aussi pour sa compatriote Marwa Amri, alignée en lutte libre (58 kg), un sport masculin s'il en est. "Je rentre au pays avec ma médaille dans la valise", a-t-elle écrit, toute fière, au bas de sa photo publiée sur sa page Facebook.
- 'Grand honneur' -
Même si elles n'ont pas la popularité de l'Algérienne Hassiba Boulmerka , championne olympique du 1500 m à Barcelone en 1992, ou la Marocaine Nawal al Moutawakel, première femme arabe à gagner une médaille (or) sur 400 m haies en 1984 à Los Angeles, les médaillées arabes de Rio ont su conquérir un bien plus que précieux avant de rentrer chez elles.
Pour l'Egypte, Sarah Samir a apporté à son pays sa toute première médaille féminine en haltérophilie (-69 kg). Une médaille de bronze après avoir soulevé 255 kg au total.
"C'est un grand honneur pour moi. Je n'arrive pas à exprimer ce que je ressens", a-t-elle déclaré, très émue.
Sa compatriote Hedaya Malek a pour sa part conquis la médaille de bronze au taekwondo chez les moins de 57 kg.
En outre, la seule médaille d'or remportée par les pays arabes -hommes et femmes confondus- l'a été par une femme. La Bahreïnie d'origine kényane, Ruth Jebet, a triomphé sur 3000 m steeple. Sa compatriote, également d'origine kényane, Eunice Jepkirui Kirwa, a pour sa part décroché l'argent au marathon.
- Long chemin -
Dans certains pays arabes, notamment ceux du Golfe, les femmes peuvent se voir interdire la pratique du sport. Et pour celles qui choisiraient, malgré tout, la voie du professionnalisme, le chemin est cahoteux: financement insuffisant, entraînement non adapté, pressions familiales contraires.
De nombreuses ONG arabes dénoncent des traditions qui font des femmes des citoyennes de seconde classe et ont appelé à appliquer la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, adoptée par les Nations unies en 1979.
Pour sa part, Yusra Mardini, nageuse syrienne de 18 ans, n'a pas marqué les Jeux par une médaille, mais par son appartenance à l'équipe olympique des réfugiés.
La course de sa vie, cette jeune femme l'a disputée l'an dernier dans les eaux de la Méditerranée, sur les quelques kilomètres qui séparent les côtes turques de l'île grecque de Lesbos.
Quand le canot surchargé sur lequel elle s'était embarquée avec d'autres réfugiés a menacé de couler, Yusra, sa soeur et une autre femme se sont mises à l'eau pour remorquer l'embarcation en nageant plusieurs heures.
Malgré ses faibles performances à Rio, elle s'est maintenant promis d'essayer d'aller aux JO de Tokyo, en 2020.