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Discipline, soumission à la hiérarchie, stratégie, force physique et mentale: 145 des 465 membres de la délégation brésilienne comptent sur leurs caractéristiques militaires pour faire la différence aux JO-2016 de Rio.
Le projet sportif des forces armées est né en 2008 dans l'optique des Jeux mondiaux militaires, que le Brésil a organisés et gagnés trois ans plus tard.
Et ce succès a transpiré jusqu'aux JO-2012 de Londres, où les militaires brésiliens ont remporté 5 des 17 médailles de leur pays, puis aux Jeux panaméricains de Toronto en 2015 (67 sur 141).
L'amiral Paulo Zuccaro, directeur du programme, parie sur 10 médailles sur les 30 visées par le Brésil dans son objectif d'intégrer pour la première fois le top 10 au nombre de podiums.
"Depuis le début, on a vu dans ce programme un énorme potentiel pour transformer le Brésil en une puissance olympique, qui est notre aspiration", avance-t-il auprès de l'AFP dans une base de l'armée à Brasilia.
- Résultats et attitude évalués -
On reste loin néanmoins des standards de la Russie ou de la Chine: le programme de sport de haut niveau de l'armée brésilienne compte seulement 76 militaires de carrière et 594 athlètes civils sélectionnés sur concours ou sur résultats, avant de recevoir une formation expresse et d'obtenir un grade de sergent.
Ses membres disposent des gigantesques infrastructures sportives et médicales des forces armées et reçoivent un salaire mensuel, ce qui ne leur interdit pas de chercher des sponsors privés, d'avoir leurs propres entraîneurs ou de se préparer ailleurs.
Certains passent toute la journée dans les unités militaires, d'autres y mettent à peine les pieds.
Mais il faut remporter sinon la guerre, du moins des batailles: leur contrat est prolongé annuellement en fonction de leurs résultats, pour une durée maximale de huit ans. Et en fonction, aussi, de l'attitude: il s'agit de garder le doigt sur la couture du pantalon, ou du short.
"Le sport imite le combat et les sportifs sont de bons militaires, ou deviennent de bons militaires parce qu'il y a des valeurs communes comme la discipline, la persévérance, la hiérarchie, l'esprit d'équipe et le respect des règles", souligne M. Zuccaro.
Mais avec les galons, on apprend surtout le sang-froid. "L'athlète civil pense une chose deux fois et se laisse emporter par ses ardeurs. Le militaire réfléchit trois, quatre fois, pense un peu plus avant de prendre une décision qui peut porter préjudice", estime ainsi la handballeuse Tamires Morena.
- 'Défendre le pays' -
Bernardo Oliveira est l'un d'eux, et ses 350 flèches tirées à l'arc résonnent quotidiennement dans un club de l'armée, six fois par semaine. Depuis cinq ans, ce sont 546.000 flèches pour atteindre Rio-2016.
D'après le jeune homme de 23 ans, "bronzé" aux Panaméricains de Toronto, "les forces armées défendent le pays et c'est ce que nous faisons aussi. Nous portons le drapeau et défendons le nom de notre pays et d'une certaine manière nous le servons".
Le programme aide des sports mineurs mais aussi des disciplines plus courantes.
Pour Patrick Lourenço (23 ans), boxeur de la favela carioca de Vidigal, "entrer dans l'équipe militaire a été essentiel. Avoir l'expérience d'être soldat. J'ai beaucoup appris sur la camaraderie, la contrainte des horaires et d'autres choses, pas seulement comme athlète. Savoir commander ou sauver quelqu'un qui a besoin d'aide. Je ne suis plus Patrick, mais le sergent Patrick".
Eloigné des tâches de ses 38.000 collègues militaires qui assureront la protection de l'événement, il revient sur le profit qu'il a pu tirer de son statut: "A Rio, je n'avais pas de gymnase ou de piste pour m'entraîner, et avec les forces armées je peux utiliser les installations de n'importe quelle caserne".
Cette assistance permet une amélioration substantielle des conditions de préparation, et pour Paulo Zuccaro, ça ne fait aucun doute: "Il y a des spécialistes qui disent que l'aspiration du Brésil à devenir une puissance olympique va dépendre de la poursuite et du renforcement de ce programme".