Happy Birthday : |
© AFP/Samuel Kubani
Le Français Alexis Pinturault après sa victoire dans le super combiné de l'étape de Coupe du monde de Kitzbühel (Autriche), le 26 janvier 2014
Les anciens et les modernes concordent: Alexis Pinturault est peut-être le polyvalent le plus doué skieur que la France ait produit depuis un demi-siècle, en course pour trois médailles aux jeux Olympiques de Sotchi.
Le rapprochement avec Jean-Claude Killy, triple champion olympique en 1968 à Grenoble, est tentant, en terme de qualité et de polyvalence.
Le Savoyard, qui aura 23 ans en mars, a bien sûr encore tout à prouver dans l'Olympe. Sur la montagne de Krasnaïa Polïana, il s'alignera au moins dans trois disciplines (slalom, géant, super combiné), avec un joker en super-G.
Et puis la comparaison avec Killy et les stars des années soixante a ses limites. "Le physique a pris une importance considérable. On a affaire désormais à des mutants, de véritables spécialistes, en slalom notamment", souligne un entraîneur.
Mais le skieur de Courchevel cultive de grandes ambitions et entend laisser sa trace dans l'histoire. Il est le premier convaincu de ses qualités. Au point d'apparaître prétentieux, quand il répète, avant chaque course: "je viens pour gagner".
Dans sa nature
C'est dans sa nature et son éducation. "Simplement Alexis ne supporte pas de perdre", souligne son père Claude, hôtelier cinq étoiles dans la station chic de Savoie. Claude Pinturault a été prodigue d'encouragements et de conseils pour le fils prodige. La maman aussi, norvégienne, a joué son rôle dans cette course à la victoire.
Alors il est normal que le blond et râblé Alexis décline le credo sur son site internet (www.alexispinturault.com). "Le mieux, c'est d'y aller tête baissée, de faire confiance à ce qu'on sait faire et de laisser parler l'instinct", proclame-t-il dans une vidéo.
A ce jeu, la perle du ski tricolore a alterné de grands moments, déjà chez les juniors (deux titres mondiaux en slalom géant), et quelques sorties de piste.
Quand il est arrivé dans le groupe des grands, les entraîneurs se sont déjà attachés à canaliser le trop-plein de "ce chien fou", selon l'expression de Gilles Brenier, directeur de l'équipe de France. Et à le protéger des attentes de la presse, des supporters, qu'ils jugeaient inconsidérées, voire périlleuses.
"Chien fou" ou plutôt pitbull. "Je ne lâche jamais rien", a rappelé la perle du ski tricolore, après avoir remporté le slalom de Wengen (Suisse) le 19 janvier.
"Il a de la dynamite dans les jambes", souligne, admiratif, l'ancien Julien Lizeroux, double vice-champion du monde 2009 (slalom et super-combiné).
Explosivité, puissance physique et synchronisation constituent ses qualités premières. "Vous le jetez dans la pente, il sait aussitôt positionner son corps dans l'espace", explique un technicien.
Avec cinq victoires en Coupe du monde, auxquels s'ajoutent 18 podiums dans quatre disciplines différentes, Pinturault a déjà marqué son territoire.
Christian Frison-Roche, directeur de la compétition chez Salomon, met en exergue ses dons de pilote et de metteur au point. Et il prêche la patience. "Il apprend à utiliser son matériel selon les profils de la piste, selon la qualité de la neige. Il est déjà bien doué".
Si on compare son cursus avec celui de l'Autrichien Marcel Hirscher, son aîné de deux ans, les chiffres sont à l'avantage du Salzbourgeois, déjà deux grands globes en poche, 22 succès en Coupe du monde et trois médailles mondiales à son palmarès.
"Le classement général, on y pense. Mais plutôt pour la saison 2014-2015. La priorité, ce sont les JO", avait remarqué en début de saison Gilles Brenier.
Revenir des Jeux sans médaille relèverait de la faute professionnelle. D'autant qu'il y a un an, Pinturault était rentré bredouille des Mondiaux de Schladming (Autriche). Où il avait été le plus constant des polyvalents, quatre fois dans les six premiers. Mais, sans la plus petite breloque à accrocher au plastron de son ambition.