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© AFP/Mike Ehrmann
La Française Perrine Laffont dans l'épreuve de bosses lors de l'étape de Coupe du monde de freestyle le 9 janvier 2014 à Park City
Perrine Laffont a déserté les bancs de sa classe de seconde tout l'hiver pour être à 15 ans, la benjamine de la délégation française des Jeux de Sotchi.
Alors que les lycéens français s'apprêtent à savourer leurs vacances d'hiver, l'Ariégeoise fait son entrée en lice jeudi pour le début des qualifications de l'épreuve de ski de bosses, une des discipline du freestyle.
"Il y a un an encore, ça me paraissait inaccessible, je visais plutôt l'échéance 2018 (en Corée du Sud)", raconte l'adolescente, qui n'était pas encore née un certain 12 juillet 1998 quand un autre enfant de Lavelanet -Fabien Barthez- a soulevé la Coupe du monde.
La jeune femme à l'accent chantant, la première de son département à disputer des JO d'hiver, s'entraîne au club des Monts d'Olmes à quelques encablures du château de Montségur, haut lieu du catharisme. Sa présence aux jeux Olympiques à seulement 15 ans n'a pourtant rien d'une hérésie.
En deux mois, Laffont a réussi à faire son trou parmi les meilleures "bosseuses". Jugée un peu tendre cet été pour être lancée en Coupe du monde, elle a tout de même gagné le droit l'hiver venu de prendre un départ pour que l'encadrement situe ses rapides progrès.
Après trois épreuves nord-américaines terminées autour de la 20e place, Laffont a décroché une place en finale à Lake Placid. Cette 11e place n'a plus laissé aucun doute quant à sa capacité de reproduire cette performance en Russie.
"Sur les pistes nord-américaines, longues et techniques comme à Sotchi, elle a toute de suite impressionné techniquement et par sa régularité, explique l'entraîneur des bosseurs tricolores, Ludovic Didier. Son nom est rentrée dans les têtes. On entend dire: +Tu as vu la petite ce qu'elle fait à 15 ans+."
"Bizarre"
Bien en place au niveau du ski, surtout pour son jeune âge, Perrine Laffont doit encore progresser en saut. "Les filles qui gagnent font les mêmes sauts mais de façon plus ample et plus tonique. Cela viendra avec le temps. Mais pour ces Jeux, elle est prête", assure Ludovic Didier.
Chouchoutée par les garçons du groupe, Benjamin Cavet, Anthony Benna et le vétéran Guilbaut Colas, sacré champion du monde en 2011, l'adolescente savoure son expérience olympique.
"Cela fait bizarre de se retrouver au milieu des meilleurs skieurs du monde. Il y a un an, je les suivais sur les réseaux sociaux, je regardais leurs vidéos...", dit-elle, citant des noms -comme l'Américain Bobby Brown- issus du monde du slopestyle plutôt que des bosses.
Colas, 30 ans, sur le circuit depuis douze ans et qui va tirer sa révérence après les Jeux, est épaté par le "professionnalisme" de ce talent précoce. "Elle ne laisse rien au hasard", dit-il.
Malgré ses réponses courtes et un brin de nervosité, la jeune fille aux long cheveux bruns et au large sourire ne fait pas vraiment son âge devant les micros. Elle sait qu'elle a l'avenir devant elle: "Je ne me mets pas de pression, je veux juste emmagasiner de l'expérience".
Pour savourer ces moments uniques, les bouquins de classe vont rester fermés tout l'hiver. "Mes profs m'envoient les cours par email, j'aurais des séances de rattrapage après les JO".