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© AFP/Aleksey Nikolskyi
Le président russe Vladimir Poutine lors d'une interview sur les JO, accordée aux médias russes et étrangers, le 19 janvier 2014 à Sotchi
La Russie ouvre le 7 février à Sotchi les XXIIe jeux Olympiques d'hiver avec des mesures de sécurité sans précédent en raison de la menace d'attentats lors d'un événement dont le président Vladimir Poutine veut faire une vitrine pour le pays.
Après des années de gigantesques travaux, la station balnéaire de Sotchi, auparavant quasi vierge d'installations sportives, s'est métamorphosée avec des enceintes flambant neuves au bord de la mer Noire et des équipements ultra-modernes dans les montagnes du Caucase, à 1.400 km au sud de Moscou.
Les vedettes mondiales des sports d'hiver seront parmi les quelque 3.000 athlètes de plus de 90 pays participant aux 98 épreuves du 7 au 23 février. Aux premiers jeux d'hiver en 1924 à Chamonix (France), ils étaient 250 athlètes sur 16 épreuves.
La Russie a dépensé des sommes colossales pour les "jeux de Poutine", de loin les plus chers de l'histoire hiver-été confondus, avec 50 milliards de dollars (37 milliards d'euros) dont la moitié est à la charge du contribuable russe, l'autre moitié revenant au secteur privé.
La sécurité est un enjeu majeur, en particulier après les deux attentats suicide qui ont fait 34 morts fin décembre à Volgograd, l'ex-Stalingrad, à quelque 700 km de Sotchi. Ces attaques n'avaient pas été revendiquées mais le mode opératoire s'apparente à celui des rebelles islamistes du Caucase du Nord, non loin de Sotchi, dont le chef, Dokou Oumarov, avait appelé en juillet à empêcher "par tous les moyens" la tenue des JO.
Lundi encore dans une vidéo diffusée sur le site vdagestan.com, des islamistes du Caucase russe ont menacé de se livrer à des attentats à Sotchi pendant les Jeux. "En ce qui concerne les jeux Olympiques, nous avons préparé un cadeau pour toi et pour les touristes, afin de venger le sang des musulmans répandu dans le monde entier", affirment deux hommes présentés comme les auteurs des attentats suicide de Volgograd.
Policiers, missiles et drones
© AFP/Mikhail Mordasov
Le Parc olympique à Sotchi au bord de la Mer noire, le 14 janvier 2014
"Nous allons tout faire" pour "assurer la sécurité des participants et des spectateurs de cette fête sportive", a déclaré dimanche M. Poutine à Sotchi à plusieurs chaînes de télévision russes et étrangères.
Pas moins de 37.000 policiers et des unités de l'armée de terre équipées de missiles sont mobilisés pour assurer la sécurité du plus grand événement international en Russie depuis la chute de l'URSS, en 1991.
La surveillance s'effectuera aussi depuis le ciel, avec un système par satellite et des dizaines de drones. Le trafic routier dans Sotchi même fait l'objet de sévères restrictions et la navigation en mer Noire a été limitée. Tous les échanges téléphoniques et sur l'internet seront surveillés par le puissant Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB).
Arrivé au pouvoir il y a 14 ans, Vladimir Poutine avait mis tout son poids dans la balance en 2007 pour que la Russie décroche les Jeux dont il a fait un projet personnel.
Mais ce grand rendez-vous mondial sera snobé par certains dirigeants occidentaux, en premier lieu le président américain Barack Obama et ses homologues français et allemand, qui n'assisteront pas à la cérémonie d'ouverture le 7 février à 20H14 précises (16H14 GMT). Des absences interprétées comme un signe de protestation contre les violations des droits de l'homme en Russie.
Dimanche, M. Poutine a minimisé ces décisions, soulignant que certains dirigeants n'avaient "absolument pas l'habitude d'aller à l'inauguration" des JO.
Appels au boycott
Il a répété que la Russie accueillerait à Sotchi tous les sportifs et visiteurs indépendamment de leur orientation sexuelle.
Fin 2013, il avait assuré que la Russie montrerait pendant ces jeux son "respect pour l'égalité et la diversité", conformément aux "idéaux même du mouvement olympique", dans une apparente allusion aux critiques de l'Occident.
Une loi russe interdisant la "propagande" homosexuelle devant mineurs, passible de prison, a provoqué une vive controverse, avec des appels au boycott des JO de plusieurs personnalités internationales.
© AFP/L. Saubadu / J. Storey
Localisation des sites sportifs des JO de Sotchi
Des défenseurs des droits de l'homme reprochent aux autorités russes de vouloir stigmatiser les gays à travers ce texte, dont la formulation vague ouvre la porte à une très large interprétation, ce que contestent les dirigeants russes.
Vingt-sept lauréats du Prix Nobel ont récemment écrit à Vladimir Poutine pour protester contre cette loi, tout en se disant "encouragés" par les grâces récemment accordées à des "prisonniers politiques".
Le président russe a en effet gracié en décembre l'ex-oligarque Mikhaïl Khodorkovski, qui a passé dix ans en prison et a été considéré un temps comme son ennemi juré. Il a aussi amnistié deux jeunes femmes du groupe contestataire Pussy Riot, condamnées à deux ans de détention pour une "prière punk" contre Poutine dans la cathédrale de Moscou.
Début janvier, le président russe semble avoir cédé aux pressions du CIO en autorisant finalement les manifestations pendant les Jeux, tout en les cantonnant dans une "zone spéciale" et en imposant à leurs organisateurs d'obtenir le feu vert des autorités locales.