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© AFP/Vasily Maximov
Nikita Kamaev, directeur exécutif de l'Agence russe antidopage, lors d'un entretien accordé à l'AFP le 21 octobre 2013 à Moscou
La Russie, considérée pendant des années, après la chute de l'URSS, comme l'un des plus mauvais élèves dans la lutte antidopage, a fait de nets progrès pour accueillir les jeux Olympiques à Sotchi, même si elle peut encore s'améliorer.
Aux Jeux de Vancouver, en 2010, les équipes russes de ski de fond et de biathlon s'étaient présentées décimées: une dizaine d'athlètes, contrôlés positifs, avait été barré des Jeux, et notamment la triple championne olympique de fond Julia Tchepalova et le champion olympique 2006 de poursuite (ski de fond) Evgeni Dementiev. Le problème était d'une telle ampleur que la Fédération internationale de ski (FIS) avait obligé la fédération russe à se débarrasser de plusieurs entraîneurs et membres du personnel médical.
En quatre ans, les choses ont bien changé. Alors que l'ancien directeur médical et scientifique du Comité international olympique (CIO), Patrick Schamasch, déclarait en 2008 que la Russie était "un pays où aucun contrôle n'est possible et où la vie des contrôleurs est en danger", il salue aujourd'hui les avancées réalisées dans la lutte antidopage.
"La Russie a pris des mesures importantes dans la lutte contre le dopage, permettant d'une part la libre-circulation des échantillons (entrée et sortie de Russie), et d'autre part la libre-circulation des contrôleurs antidopage, ce qui est une avancée très importante", souligne l'expert.
"Un grand ménage"
La Russie a aussi "commencé à faire un grand ménage au niveau de ses anciens entraîneurs, qui avaient une mentalité probablement ancien régime", constate l'ex-médecin du CIO en référence à la période soviétique -et son système de dopage d'Etat comme en ex-RDA-, ajoutant qu'il reste sans doute "quelques moutons noirs à éliminer".
La mise en place de l'Agence russe antidopage (Rusada), avec le soutien d'experts de l'Agence antidopage norvégienne et d'un laboratoire antidopage à Moscou, à la pointe de la technologie dans ce domaine, ont contribué à changer le cadre global.
Depuis 2009, la Rusada a prononcé des sanctions pour dopage contre un peu plus de 200 athlètes russes, suspendus la plupart pour deux ans, certains à vie.
Parmi les sanctions les plus récentes, la skieuse freestyle Anna Orlovskaya, double championne de Russie en slopestyle et half-pipe, a été suspendue pour deux ans en décembre pour infraction au code mondial antidopage, et ainsi privée de JO.
Vendredi, la Fédération internationale de natation (FINA) a suspendu provisoirement la Russe Yulia Efimova, double championne d'Europe en petit bassin à Herning (50 m et 200 m brasse), contrôlée positive à la DHEA en octobre. La nageuse doit être entendue par la commission antidopage de la FINA.
La Rusada, financée en quasi-totalité par l'Etat russe, met l'accent sur la prévention et l'éducation des sportifs, souligne son directeur exécutif: "Le plus important, c'est de changer l'approche des sportifs à l'égard du dopage, leur expliquer les dangers, les sanctions possibles et les risques qu'ils prennent", dit-il.
"Manque d'effectifs"
La tâche est difficile, en particulier vis-à-vis des jeunes sportifs, et en province, car le système de préparation et son financement sont très mal conçus, explique M. Kamaev.
"Les entraîneurs et dirigeants d'équipes de jeunes veulent rapidement des résultats au niveau régional, ils reçoivent de l'argent et des compensations. Ca ne les intéresse pas d'atteindre le niveau des compétitions olympiques, car il y a là de grands risques" de subir des contrôles antidopage, dit-il, alors qu'à leur niveau, "les contrôles sont quasi inexistants en raison du manque d'effectifs".
La Rusada dispose pour le moment de 23 contrôleurs à plein temps à Moscou et une cinquantaine dans les régions russes.
L'étendue du pays est un problème majeur, renchérit M. Schamasch, observant la nécessité d'accroître les contrôles qui se limitent actuellement à Moscou, Saint-Pétersbourg et quelques grandes villes.
Les JO de Sotchi s'annoncent comme un test de première importance pour les progrès de la Russie dans la lutte antidopage, un seul contrôle positif d'athlète russe risquant de ternir l'ensemble de l'événement.