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© AFP/Joël Saget
Photo prise dans un laboratoire antidopage
Même si les derniers jeux Olympiques d'hiver à Vancouver en 2010 avaient été épargnés par les scandales, la lutte antidopage a encore resserré ses filets en vue des JO de Sotchi (7-23 février).
Toujours plus
Le Comité international olympique (CIO) a prévu 2453 contrôles antidopage pour les Jeux de Sotchi, dont 1269 contrôles dits "pré-compétition" - soit 400 de plus qu'à Vancouver en 2010 où il y avait moins de concurrents cependant -, c'est-à-dire entre l'ouverture du village olympique le 30 janvier et le moment où l'athlète rentre en lice. Ces contrôles, coordonnés par l'Agence antidopage russe (Rusada) peuvent être menés à n'importe quel endroit de la planète, là où se trouve l'athlète. Mais la grande majorité des contrôles seront faits à Sotchi, où les sportifs doivent s'attendre à subir des tests dès leur arrivée. L'autre moitié aura lieu en compétition afin d'essayer de s'assurer de l'intégrité des podiums. Les fédérations internationales de ski (FIS), de patinage (ISU) et de biathlon (IBU) suivent aussi les athlètes via leur passeport biologique, qui permet de soupçonner un recours au dopage en cas de variations anormales des valeurs sanguines.
Une stratégie mieux ciblée
Finis les contrôles au hasard, la tendance vise désormais à mieux cibler les tests en fonction des risques et des indices. "C'est facile à dire, mais cela nécessite beaucoup de travail", souligne Richard Budgett, le directeur médical et scientifique du CIO. "Premièrement, il faut regarder pour chaque sport et chaque discipline quels sont les risques physiologiques et l'historique en matière de dopage. Puis aller plus en détails pour voir de quels pays émanent les cas, et cela nous donne une idée où il faut cibler les contrôles en fonction des résultats anormaux antérieurs. On va regarder au cours des dernières années, où cet athlète s'entraînait, avec qui et quels étaient ses entraîneurs. Enfin, il faut penser aux types de substances qui peuvent être utilisées, de l'EPO, de l'hormone de croissance, des stéroïdes anabolisants.. et quand la substance peut avoir été prise afin de déterminer le meilleur moment pour lancer un contrôle. Les stimulants se prennent généralement en compétition, mais pour des anabolisants, c'est bien avant."
Le ski de fond plus que le curling
Si aucun sport n'échappe aux contrôles au nom du "on-ne-sait-jamais", les efforts sont portés bien plus sur les sports d'endurance que sur le curling. "Il y a un long historique d'athlètes ayant eu recours à l'EPO ou au dopage sanguin en biathlon et en ski de fond", rappelle Budgett. En 2002, à Salt Lake City, plusieurs médaillés avaient été "rattrapés" à l'Aranesp, la dernière EPO de l'époque, et à Turin en 2006, les Jeux avaient été secoués par la découverte d'un laboratoire de dopage sanguin dans le chalet des skieurs et biathlètes autrichiens. "Nous surveillons aussi de près les sports de force, comme le bobsleigh, souligne le directeur médical du CIO. Mais c'est dur d'imaginer que la prise de stéroïdes anabolisants ou de stimulants puisse aider à gagner en curling."
Un laboratoire de haut calibre
Le laboratoire antidopage des Jeux à Sotchi est une antenne de celui flambant neuf de Moscou. Or, celui-ci s'était retrouvé dans l'oeil du cyclone cet automne. Après plusieurs manquements aux exigences de qualité, l'Agence mondiale antidopage (AMA) l'a obligé à passer sous la tutelle d'experts étrangers. Au final un mal pour un bien. "Durant la période des Jeux, il n'y aura pas un seul endroit dans le monde ayant plus d'expertise scientifique en matière d'analyses qu'à Sotchi", se félicite le directeur médical du CIO. Car l'imposante équipe dépêchée du laboratoire de Moscou sera épaulée par 18 scientifiques venus du monde entier et plusieurs directeurs d'autres laboratoires antidopage, d'Oslo à Montréal, en superviseront le fonctionnement.
Des fioles conservées 10 ans
La cérémonie de clôture n'est plus un gage d'impunité. Pour les violations antidopage, la prescription ne s'applique qu'au bout de huit ans, et pour Sotchi, ce sera même dix ans. Après les Jeux, tous les échantillons seront conservés dans un congélateur à Lausanne et susceptibles d'être ré-analysés, au gré des progrès des avancées de la science. Le CIO a pris l'habitude de repasser une partie des fioles au crible des nouvelles méthodes de détection, des mois voire des années plus tard. Ainsi, l'an dernier, quatre athlètes et un haltérophile des Jeux d'été d'Athènes en 2004 ont été forcés de rendre leur médaille plus de huit ans plus tard. De même, le CIO a fait réanalyser intensivement les contrôles d'un peu moins de 200 concurrents ayant pris part aux aux Jeux d'hiver 2006 (soit 360 échantillons), mais n'en dévoilera les résultats qu'une fois le processus juridique terminé. "Aucun athlète qui sera en lice à Sotchi n'est touché", précise néanmoins Richard Budgett.