Happy Birthday : |
© AFP/Mikhail Mordasov
Le président cu Comité d'organisation Sotchi-2014 Dmitri Tchernychenko, le 13 mars 2013 à Sotchi
La Russie, longtemps étiquetée comme l'un des gros points noirs dans la géopolitique antidopage, suscite encore des inquiétudes à quelques mois d'accueillir les prochains jeux Olympiques d'hiver à Sotchi, en février 2014.
Comment faire confiance aux autorités russes dans un domaine aussi sensible que la lutte antidopage alors que la liste de leurs champions contrôlés positifs et sanctionnés ne cesse de s'allonger, continuant de nourrir les suspicions sur les méthodes héritées de l'Union soviétique ?
En septembre, lors du comité exécutif de l'Agence mondiale antidopage (AMA), plusieurs voix ont réitéré leurs préoccupations quant aux instances sur lesquelles s'appuyer en vue du grand rendez-vous olympique.
"Je suis content de pouvoir dire que beaucoup de progrès ont été accomplis au cours des six derniers mois", note Richard Budgett, directeur médical et scientifique du Comité international olympique (CIO), dans un entretien avec l'AFP.
Lors de sa visite en Russie en mars, le médaillé d'or d'aviron des JO-1984 dit avoir été "impressionné" par la volonté affichée aussi bien au niveau du comité organisateur de Sotchi-2014 qu'à l'Agence antidopage russe (RUSADA).
"Certains peuvent dire qu'en matière d'antidopage, cela pourrait être mieux mais le bon côté d'avoir les Jeux est que cela stimule et incite à améliorer le programme antidopage", estime le médecin britannique, qui dirigea lui-même celui des Jeux de Londres l'été dernier avant de rejoindre le CIO.
Sotchi, comme toutes les villes qui ont accueilli dernièrement les JO, aura un laboratoire antidopage dédié à l'événement. Actuellement en cours de construction, il promet d'être équipé des machines les plus pointues à l'image du laboratoire flambant neuf de Moscou, l'un des quelque 35 accrédités par l'AMA à travers le monde.
Interrogations sur les contrôles
Les interrogations ne concernent pas tant les analyses que les contrôles eux-mêmes. Car si de JO en JO, le CIO ne cesse d'augmenter les tests pendant la période olympique et peut compter sur des méthodes de détection de plus en plus performantes, encore faut-il que les contrôles soient bien faits. Surtout dans les semaines en amont des Jeux, période bien plus propice aux cures de dopage que lors des compétitions elle-mêmes.
Fin 2008, le précédent directeur médical du CIO, Patrick Schamasch, faisait allusion à la Russie en parlant d'un pays "où aucun contrôle n'est possible et où la vie des contrôleurs antidopage est en danger".
Certains à l'AMA aimeraient que des contrôleurs étrangers puissent disposer de visas à entrée multiple afin de ne pas être automatiquement repérés dès qu'ils mettent les pieds sur le territoire russe. Ce qui ne devrait pas être le cas.
Si les fédérations sportives internationales - qui ont la responsabilité des contrôles hors période des Jeux - veulent diligenter des contrôles inopinés sur leurs athlètes qui s'entraînent en Russie, le meilleur moyen est de faire appel aux services de l'Agence antidopage russe, estime Richard Budgett. Selon lui, la RUSADA compte plus d'une cinquantaine d'agents bien formés et devrait en avoir plus du double d'ici la fin de l'année.
Lors de sa visite, il a discuté avec les autorités douanières et policières de leur implication dans la lutte contre les tricheurs, un partenariat souvent difficile à établir alors que les Etats sont généralement très réticents à partager des informations avec une instance internationale privée comme le CIO.
Une forme de collaboration indirecte a pu être établie: "les douanes et les forces de l'ordre communiqueront avec le ministère russe des sports, qui sera lui-même en contact avec la RUSADA. Nous aurons des réunions quotidiennes avec le comité organisateur et la RUSADA afin d'affiner le programme de contrôles pour le rendre plus rusé et aussi dissuasif que possible", explique Richard Budgett.
Pour le médecin, ce sera déjà l'un des héritages des Jeux d'hiver pour la Russie: "le niveau de la lutte antidopage a progressé depuis qu'ils ont obtenu les jeux Olympiques à Sotchi".