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Le Tongien Bruno Bananai lors d'un entraînement en luge aux JO le 6 février 2014 à Rosa Khutor
Avec son parcours atypique, Bruno Banani ne peut que susciter la sympathie, sauf que le premier Tongien à participer à des JO d'hiver malmène l'esprit olympique car il a changé de nom pour prendre celui de son sponsor.
De prime abord, Banani, 26 ans, pourrait très bien être rangé dans la catégorie des "excentriques olympiques", confrérie improbable dont les maîtres seraient le Britannique Eddie Edwards, le plâtrier myope qui s'est essayé au saut à skis aux JO de 1988 et l'équipage de bobsleigh jamaïcain dont l'odyssée jusqu'à Calgary a inspiré le film Rasta Rockett.
De fait, Banani, né aux Tonga, un archipel de 100.000 habitants perdu dans l'Océan pacifique, n'avait jamais vu de neige avant 2009, date de sa première descente sur la redoutable piste d'Altenberg, en Allemagne.
Mais ce serait oublier que ce gaillard d'1,79 m pour 83 kg, ancien joueur de rugby, a obtenu quelques honnêtes résultats sur le circuit mondial, comme sa 28e place lors des Mondiaux-2013.
Sa découverte de la luge ressemble à un conte de fées, ou plutôt de princesses.
C'est en effet la princesse Salote Mafile'o Pilovelu Tuita, qui, après une rencontre dans la très huppée station suisse de sports d'hiver de Saint-Moritz avec Albert II de Monaco, lui-même ancien pilote de bobsleigh, s'est mis en tête de créer la fédération tongienne de luge.
Casting
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Le Tongien Bruno Bananai lors d'un entraînement en luge aux JO le 7 février 2014 à Rosa Khutor
Pour recruter son premier adhérent, la princesse organise un casting parmi les joueurs de rugby tongiens et tombe sur la perle rare.
Mais ce n'est pas pour cela que Banani doit son entrée dans la chronique olympique.
Il est le premier participant à des JO à porter le nom d'une entreprise, celle d'un fabricant allemand de sous-vêtements.
A l'instigation d'une agence de communication, celui qui s'appelait encore Fuahael Semi, son nom de naissance, a fait les démarches pour changer de patronyme et devenir l'homonyme de son sponsor.
Révélée par la presse allemande en 2012, l'affaire fait grand bruit. L'actuel président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach qui présidait alors le comité olympique allemand avait qualifié l'initiative "d'idée marketing perverse".
Le principal intéressé ne comprend toujours pas cette polémique: "Je ne pense pas que cela soit grave, la plupart des gens se sont habitués à mon nom", assure-t-il.
A en croire l'encadrement de l'équipe d'Allemagne qui l'a pris sous son aile, Banani, fils d'un exploitant de noix de coco, n'est cependant pas à prendre à la légère dans une discipline dangereuse comme l'avait montré en 2010 la mort accidentelle du Géorgien Nodar Kumaritashvili.
"C'est un sacré athlète et pas du tout le nouveau Eddie Edwards de la luge", assure Norbert Loch, le très respecté entraîneur de la redoutable équipe d'Allemagne.
"Je rêve d'une place dans les 30 premiers", lâche Banani dans un large sourire avant ses grands débuts olympiques samedi et dimanche.
C'est seulement s'il y parvient que l'homme-sandwich tongien aura vraiment réussi à se faire un nom dans son sport.