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Le patron du CIO Thomas Bach
(C) entourré par Vladmir Poutine (D) et la princesse Anne du Royaume-Uni lors de la cérémonie d'accueil des membres du Cio à Sotchi, le 4 février 2014
Pour ses premiers jeux Olympiques en tant que président du CIO, Thomas Bach avance en terrain miné à Sotchi, entre les rêves de grandeur du président russe Vladimir Poutine et les polémiques en tout genre.
Comme son prédécesseur, le Belge Jacques Rogge, qui avait fait ses grands débuts à Salt Lake City en 2002, des Jeux d'hiver teintés par le scandale de corruption qui avait secoué profondément l'instance olympique, Thomas Bach n'a pas la partie facile.
Car le CIO a beau se faire le chantre des "valeurs olympiques", les organisations de défense des droits de l'Homme ne voient toujours pas comment elles peuvent cadrer avec ce qu'elles ont observé et observent sur les bords de la mer Noire.
Plusieurs ont dénoncé les expropriations, les dégâts environnementaux et l'exploitation des travailleurs immigrés qui ont accompagné la transformation de Sotchi en haut lieu des sports d'hiver en sept ans.
Au final, ces Jeux d'hiver ont la médaille d'or des plus chers de l'histoire olympique, avec une facture totale de plus de 50 millions de dollars. Un tiers est soupçonné d'avoir profité aux amis du régime, selon le rapport d'un opposant, Alexeï Navalny.
Le CIO n'a pas la même calculette. Thomas Bach répète à l'envi que le budget opérationnel des Jeux, de l'ordre de 3 milliards, est similaire aux précédentes éditions alors que la construction de routes, d'une ligne ferroviaire ou l'aménagement d'un aéroport doivent être vus comme des investissements de long terme pour une région, et donc pas directement imputables à la quinzaine olympique.
L'Allemand n'est pas champion olympique de fleuret par équipes (à Montréal en 1976) pour rien. De son passé d'escrimeur, il a gardé cette capacité à savoir rester sur ses gardes et attendre le meilleur moment pour porter la touche.
"Le CIO pas complètement apolitique"
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Le président du CIO Thomas Bach
s'adresse aux membres de son organisation lors d'une cérémonie de bienvenue au Théâtre Zimny à Sotchi, le 4 février 2014
En avocat d'affaires, Thomas Bach sait retourner habilement les questions qui peuvent déranger sans donner trop l'impression de les esquiver. Si Jacques Rogge évitait soigneusement de mêler la politique aux affaires olympiques, Thomas Bach arrive à faire passer ses messages tout en circonvolutions.
"Le CIO ne peut pas être complétement apolitique. Nous devons bien comprendre que nos décisions telles que celle de donner les jeux Olympiques ont des implications politiques et ces implications, nous devons les prendre en compte", soulignait-il après son élection le 10 septembre.
La loi russe interdisant la "propagande" homosexuelle devant mineurs, promulguée en juin par Vladimir Poutine, est l'autre grande polémique à laquelle le CIO a dû faire face, à son corps défendant.
"Nous avons obtenu les assurances du président russe que tous les visiteurs seraient le bienvenu aux Jeux", a répété en boucle l'instance olympique. Les associations militantes, elles, sont restées sur leur faim.
"Le CIO n'est pas un gouvernement mondial qui peut imposer des mesures à un Etat souverain et qui peut outrepasser des lois votées par un Parlement souverain", insistait lundi Thomas Bach . Autrement dit: "nous n'avons pas le pouvoir de régler les problèmes du monde".
Le CIO a bien pris soin de rappeler que les démonstrations politiques n'avaient pas de place sur les podiums olympiques. Mais Thomas Bach invitait parallèlement les athlètes à "jouir de leur liberté d'expression en conférence de presse", au risque de déplaire aux organisateurs russes.
Au-delà des divergences politiques, la menace terroriste est le plus gros risque qui pèse sur ses Jeux. Le CIO sait trop bien que la moindre explosion sur le territoire russe, fusse-t-elle à des centaines de kilomètres de là, durant la quinzaine olympique et les courses au titre suprême passeraient au dernier plan.
Quelques athlètes ont exprimé publiquement leurs craintes. Pour l'Américain Ted Ligety, le quadruple champion du monde de ski alpin, tenir des Jeux dans une région aussi dangereuse est un "genre de piètre choix".
Le CIO espère que le maître du slalom géant et tous les autres seront bientôt convaincus du contraire. Comme ce fut le cas à Salt Lake City, aux Etats-Unis de l'après 11 septembre 2001.