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© AFP/Alexander Klein
Le Français Alexis Pinturault lors du slalom du super-combiné de Kitzbühel, le 26 janvier 2014
Denis Masseglia, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), sera à Sotchi le chef d'une délégation bleue aux deux visages: celui, souriant, des athlètes de la neige et celui, plus grimaçant, des patineurs qui auront du mal à renouer avec le succès olympique.
Q: Quelle est la philosophie de la liste que vous avez fini de dévoiler ce lundi: élitiste et resserrée ou ouverte pour préparer les athlètes de demain ?
R: "Nous avons choisi de donner leur chance à tous les athlètes ayant rempli les critères internationaux, sans durcir les modalités de sélection. Nous pensons que si un athlète a été reconnu digne d'une sélection olympique par la fédération internationale qui organise son sport, il est éminemment logique de ne pas s'y opposer."
Q: Quels sont vos objectifs en terme de médailles?
R: "Compte tenu du fait qu'il y a des disciplines nouvelles, du fait qu'en 2013 il y a eu beaucoup de succès, c'est de faire mieux qu'à Turin (9 en 2006) et Vancouver (11 en 2010). Dans le même temps, on a des blessés, notamment Tessa Worley (championne du monde de géant 2013), ce qui n'est pas rien, et il faut tenir compte du lot de surprises agréables et désagréables. Il faut que la roue tourne dans le bon sens. Avant Vancouver, personne n'aurait parié sur Vincent Jay" (NDLR: champion olympique de sprint en biathlon).
Q: Au-delà de Jason Lamy Chappuis, désigné porte-drapeau de l'équipe de France, la délégation semble avoir d'autres chefs de file qui dégagent une belle image: les biathlètes, notamment Martin Fourcade, ou les alpins à l'image de Pinturault.
R: "Oui, cette équipe a une image sympa parce que les athlètes font passer un message de confiance et d'humilité. Il y a toujours dans leurs propos le respect de l'adversaire et de la difficulté inhérente aux JO. Ce n'est pas un événement comme les autres, il faut être présent le Jour J. Fourcade et Lamy-Chappuis sont attendus, Alexis (Pinturault), il vient à peine de gagner. Ce n'est pas un leader de Coupe du monde au même titre que Martin ou Jason. Ce sont ses premiers Jeux, ce n'est pas le favori. Ce n'est ni Martin, ni Jason, ni Killy. Laissons le grandir. Il est inutile de lui mettre la pression dans une discipline qui plus est aléatoire."
Q: Parlons de choses qui fâchent: qu'espérez vous des sports de glace, et du patinage artistique en particulier qui n'a pas ramené de médailles olympiques depuis 12 ans et sort d'un Euro destructeur, notamment pour les deux patineurs individuels, Brian Joubert et Florent Amodio devenus des rivaux ?
R: "Ah, ce sera probablement plus dur que pour la neige et toute médaille sera un progrès après le zéro pointé de Vancouver. En 2010, on avait des 4e, 5e places et on retrouve peu ou prou les mêmes espoirs à Sotchi. Pour le reste, on va essayer, sur place, à travers l'ambiance générale, de passer à une autre forme de rapports humains. Il faut que les athlètes soient rassurés, qu'ils ne se dispersent pas, qu'ils soient dans les meilleures dispositions. Parce qu'au final c'est le paramètre psychologique qui est primordial".
Q: A quelques jours de l'ouverture des JO, n'avez-vous pas été tenté de vous impliquer dans les conflits internes à la Fédération des sports de glace, qui peuvent avoir un effet délétère sur les performances des sportifs ? En gros, d'user d'un droit d'ingérence?
R: "On ne peut pas réclamer l'autonomie du mouvement sportif et s'impliquer dans la résolution de litiges parfois passionnels qui agitent les fédérations en interne. Si les résultats des patineurs sont mauvais, il appartiendra aux électeurs, lors de l'assemblée générale de la fédération, de se prendre en main pour dire +ça doit changer+. Le devoir d'ingérence, c'est bien si on apporte des solutions."
Propos recueillis par Pierre GALY et Françoise CHAPTAL