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A 24 heures du départ du Havre (Seine-Maritime) de la 12e Transat Jacques-Vabre (TJV), une "belle dépression automnale" semait la zizanie samedi au sein des 84 marins engagés dans cette course en double de 5.400 milles (environ 10.000 km) jusqu'à Itajai (Brésil).
Le traditionnel briefing d'avant course a montré que les coureurs étaient pour le moins divisés sur l'opportunité de partir dimanche. Car si le vent devrait être mollasson au moment du départ (13h30), les conditions météo promettent d'être musclées, voire très musclées dès lundi, avec beaucoup de vent et de la mer.
"La dépression est profonde, creuse, dynamique", a confirmé à l'AFP Richard Silvani, de Météo France. "Elle se déplace vers le nord-est et sera lundi midi dans l'ouest de l'Irlande. Personne ne pourra la contourner par le nord, il faudra donc la traverser". Ou rallonger la route en la tangeantant par le sud-est, dans le golfe de Gascogne.
"Le plus dur sera la mer croisée, avec 6 à 7 mètres de creux, voire plus au centre", a-t-il poursuivi, précisant que la situation devrait se calmer mardi.
"Nous, on pense que ce n'est pas raisonnable de partir dans ces conditions", a déclaré Armel Le Cléac'h, skipper de Banque Populaire VIII, l'un des favoris dans la classe Imoca (monocoques de 18,28 m).
- 'A chacun de prendre ses responsabilités' -
"On fait partie des équipes qui pensent que les conditions de mer sont fortes", a renchéri Jean-Pierre Dick (StMichel-Virbac), un sentiment partagé par Sébastien Josse et Charles Caudrelier (Edmond de Rothschild), autres têtes d'affiche en Imoca.
"Ca ne va pas être marrant d'y aller", a noté Jérémie Beyou (Maître Coq), lui aussi candidat sérieux à la victoire en Imoca. "On se casse la tête pour trouver une trajectoire qui ne soit pas casse-bateau".
"C'est plus que chaud", a pour sa part estimé Pascal Bidégorry, co-skipper du maxi-trimaran (30 m) Macif de François Gabart.
Face à ces mises en garde, formulées par quelques-uns des meilleurs marins océaniques français, habitués des mers du sud et qu'on peut difficilement soupçonner d'être +mous du genou+, la directrice de course Sylvie Viant est restée intraitable.
"Comme vous, on regarde la météo, a-t-elle dit. Pour l'instant, c'est définitif (départ dimanche). Je ne pense pas que ça évoluera en quelques heures".
La plupart des réserves étant formulées par des skippers d'Imoca, les voiliers du Vendée Globe, Sylvie Viant a affiné le propos: "Je considère que ces bateaux sont conçus pour le tour du monde (et donc capables d'affronter du gros mauvais temps, ndlr)", a-t-elle souligné. "A chaque équipage de décider en son âme et conscience".
Derrière les objections des skippers d'Imoca (20 au départ) pointe la crainte de casser leurs bateaux, certains flambants neufs, à un an du Vendée Globe. D'autres, comme Yves Le Blévec, skipper du maxi trimaran Actual (31 m), font très justement observer que ceux qui choisiront une route plus sereine -tout est relatif- feront plus de milles et perdront toute chance de l'emporter à Itajai.
"Chaque marin est libre de prendre ou de ne pas prendre le départ", a toutefois rappelé Michel Desjoyeaux , co-skipper de SMA. "A chacun de gérer ça, à chacun de prendre ses responsabilités".