Happy Birthday : |
© AFP/Damien MEYER
Le "Sodebo Ultim'" du skipper Thomas Coville
à son arrivée dans le port de Brest, le 26 décembre 2016
L'incroyable record de Thomas Coville doit autant à la technologie dont bénéficie son maxi-trimaran qu'aux ressources dans lesquelles le skipper a dû puiser pour le manoeuvrer.
. Soif de puissance
Sodebo Ultim? est un trimaran (trois coques), type de bateau plus rapide que les monocoques. Avec trente-et-un mètres de long, vingt-et-un mètres de large et un mât de trente-cinq mètres de haut, il appartient à la catégorie des "Ultime", aux mensurations et à la puissance de titans.
"Si on est arrivés à 49 jours c'est parce qu'on a osé partir avec un bateau de cette taille. C'était un bateau trop grand pour un seul homme et pourtant ça l'a fait", s'est félicité Coville lundi.
Le bateau est l'ex-Geronimo d' Olivier De Kersauson , sorti des chantiers en 2001 pour réaliser des records en équipage. Mais il a été complètement refait en 2013 et 2014 pour être tenu par un seul homme. "On a racheté ce bateau, c'était une épave", a souri Coville.
Le trimaran a été allégé de 6 tonnes avec une coque centrale diminuée à 31 mètres (34 dans la version d'origine). Et la largeur est montée à 21 mètres (pour une limite fixée à 22 m), afin d'optimiser le rapport longueur-largeur, gage de puissance.
"Thomas a gagné en vitesse de pointe et en vitesse moyenne, où il était de 2 à 3 noeuds (3,7 à 5,5 km/h) supérieur par rapport à son précédent bateau", explique à l'AFP Thierry Brient, qui a accompagné Coville pour ses 5 tentatives de record du monde, depuis la cellule routage.
Durant son périple, Coville a fait 25,6 noeuds (46,3 km/h) de moyenne avec des pointes au delà de 45 noeuds (83,3 km/h).
. Merveille de technologie
© AFP/Damien MEYER
Le navigateur Thomas Coville
à son arrivée à Brest, le 26 décembre 2016
Le multicoque est équipé de foils, appendices latéraux qui le soulèvent à l'avant pour limiter le frottement de l'eau. Ce n'est pas une nouveauté sur ce bateau mais en revanche, pour cette 5e tentative, ils ont été rendus plus souples d'utilisation et donc plus performants.
L'innovation réside sur les plans porteurs au safran (la partie immergée du gouvernail). Comme le foil soulève le bateau à l'avant, le plan porteur agit comme un point d'appui à l'arrière du bateau qui permet de mieux le stabiliser à vive allure.
. Le facteur humain
Il faut dépasser ses limites pour dompter un tel engin, seul et sans beaucoup de sommeil. Comme l'a dit Coville: "Un tour du monde en solo c'est une emmerde par heure."
La navigatrice britannique Samantha Davies a testé une fois le Sodebo Ultim' et elle l'avoue: "C'est un bateau très physique, je ne pourrais pas le manoeuvrer seule. Le tour du monde en solitaire, ça restera un rêve pour moi!"
Elle a participé à ce rêve, même à distance: elle fait partie de l'équipe de routeurs qui a aidé Coville à tracer sa trajectoire en fonction des prévisions météo et à qui il a rendu un hommage appuyé.
Au-delà des seules ressources physiques, le skipper a travaillé l'aspect psychologique avec des techniques de préparation mentale: "Pour trouver mon rêve, j'ai dû aller chercher le petit garçon que j'étais".
"La où j'ai le plus douté, c'est quand j'ai eu une infection au genou droit (...) Quand vous êtes touché par la maladie tout seul au milieu de l'océan Indien, ne pas douter c'est pas facile", a-t-il raconté.
. Jusqu'où iront-ils?
169 jours (avec escales) pour Alain Colas en 1973-74, le premier à boucler un tour du monde sur un trimaran. Près de 73 jours pour Francis Joyon en 2004, le premier à le faire sans escale sur un trimaran. 49 jours, 3 heures, 7 minutes et 38 secondes dimanche pour Coville. "On a fait passer notre sport dans une dimension différente", a-t-il analysé. Mais la barre continuera-t-elle à être abaissée?
"Nos bateaux vont de plus en plus vite; dès qu'il y a un peu de vent, on va plus vite que les vagues", indique à l'AFP François Gabart, qui s'attaquera au record de Coville à l'hiver 2017 sur Macif, trimaran de 30 m mis à l'eau en août 2015.
En 2012-13, Gabart avait remporté le Vendée Globe, course autour du monde en solitaire et sans escale qui se dispute sur des monocoques.
© AFP/Vincent LEFAI, Paz PIZARRO
Le parcours de Thomas Coville
qui a pulvérisé le record du monde à la voile
"J'ai hâte de refaire un tour du monde mais cette fois sur les plus belles machines qu'on puisse imaginer pour aller plus vite sur l'eau. C'est ça qui me fascine, il n'y a pas de limites à ce rêve-là", souligne-t-il en parlant des grands multicoques.
Armel Le Cléac'h, actuel leader du Vendée Globe, aura le sien l'été prochain avec Banque Populaire. Et en 2019, tous ces maxi-trimarans batailleront pour une course autour du monde en solitaire inédite qui s'annonce palpitante. Et toujours plus rapide ?