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© AFP/Jean-Sebastien Evrard
Le navigateur Francis Joyon
le 17 juin 2013 à Brest
Tout sourire, les traits marqués mais visiblement en forme, le navigateur Francis Joyon , à la barre de son trimaran géant Idec, est arrivé lundi à Brest sous les applaudissements après avoir explosé la veille le record de la traversée de l'Atlantique nord en solitaire.
"J'ai dormi quelques heures cette nuit, donc je me sens en pleine forme", a-t-il déclaré à son arrivée, après avoir pulvérisé de plus de 16 heures le temps inscrit par Thomas Coville en 2008.
Parti mercredi de New York, le navigateur de 57 ans, qui collectionne les records mythiques se fiant davantage à son instinct et à sa puissance qu'à la technologie, est arrivé dimanche au Cap Lizard (sud-ouest de l'Angleterre) après une course folle de 5 jours, 2 heures et 56 minutes souvent à plus de 50 km/h.
Après avoir franchi la ligne d'arrivée, il a décidé de retarder son arrivée à Brest en raison de vents contraires, d'une mer agitée et d'un état d'extrême fatigue.
Rejoint par deux équipiers, il s'est mis au mouillage face à la côte nord du Finistère. Il a ainsi pu se reposer avant de se présenter à l'entrée de la rade de Brest, tout sourire, saluant d'une main et levant le pouce en signe de victoire.
Son épouse Virginie Joyon, ses deux filles Juliette, 26 ans, et Marion, 24 ans, ainsi que les deux garçons du couple, Corentin, 20 ans, et Damien, 13 ans, sont montés à bord du multicoque géant rouge de 30 m de long, celui-là même avec lequel il a établi en 2008 le record du Tour du monde en solitaire (57 j 13 h 34 mn).
"On est très, très heureux", a assuré à l'AFP Virginie Joyon, reconnaissant avoir craint le pire. "Il nous a fait un petit peu peur, plus que les autres fois, parce que là il a été vraiment très, très vite".
Le navigateur à l'imposante carrure mais à la voix douce et posée a lui-même reconnu: "il y a moyen de se faire vraiment très, très peur sur ces bateaux!".
Profitant d'une dépression pour gagner de la vitesse, Joyon a parcouru 3.222 milles à plus de 26 noeuds de moyenne, tutoyant son propre record de la plus longue distance parcourue en 24 heures (666,2 milles, soit 1.233,4 km).
Une performance qui a impressionné son fils Corentin: "il est monté jusqu'à 40 noeuds, c'est quand même génial!"
A New York, "je me suis retrouvé seul à préparer le bateau, en sachant que j'avais quelques heures pour être sur la ligne de départ", a raconté Joyon. "J'ai mangé des nouilles sans beurre et sans gruyère, un exploit assez extraordinaire!" a plaisanté le marin.
"C'est extraordinaire ce qu'il a fait!", s'est exclamé Monique, 72 ans, venue l'accueillir avec plusieurs centaines d'autres personnes, par un temps maussade, au Port du Château, où il est arrivé peu avant 11H30, soulignant la "grande humilité et simplicité" du skipper.
"J'admire l'homme", a assuré Martine, 61 ans, un autre admiratrice, tandis que François Pouliquen, un plaisancier de 66 ans, jugeait "fabuleux" l'exploit accompli. "Avec des moyens inférieurs à ses partenaires, il arrive toujours à sortir son épingle du jeu et à battre des records extraordinaires", a-t-il assuré. "C'est vraiment quelqu'un qui mérite le respect".
"D'avoir l'accueil du public brestois c'est merveilleux", s'est réjoui Joyon. "C'est vraiment un grand bonheur de faire des événements nautiques comme ça...", a reconnu le navigateur, laissant entrevoir de nouvelles aventures.
"Peut-être que La Route du Rhum qui approche va me permettre de ne pas partir à la retraite trop vite...", a-t-il glissé, estimant par ailleurs que le record de la traversée de l'Atlantique nord pouvait être "encore nettement amélioré" grâce à une trajectoire plus directe et des conditions météorologiques plus favorables.