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© AFP/Emmanuel Dunand
Le skipper français Francis Joyon
au large de New York le 16 mai 2013
Le navigateur français Francis Joyon a pulvérisé dimanche le record de la traversée de l'Atlantique nord en solitaire à la barre de son maxi-trimaran Idec, avec plus de 16 heures d'avance sur le temps de référence réalisé par son compatriote Thomas Coville en 2008.
Joyon, 57 ans, a franchi à 12H11 GMT (14H11 heure française) la ligne d'arrivée virtuelle au Cap Lizard (sud-ouest de l'Angleterre), 5 jours, 2 heures et 56 minutes après être parti de New York, mercredi.
Dans un état de fatigue extrême, le navigateur, qui n'a dormi qu'une dizaine d'heures pendant la course, n'atteindra finalement le port de Brest que lundi matin, renonçant à rallier celui-ci dimanche soir comme initialement annoncé.
Le marin a avoué lors d'une liaison téléphonique que le plus difficile à gérer durant sa traversée avait été le "stress" lié à la peur de chavirer, alors qu'il a fait le choix d'un itinéraire plus long qui l'a obligé à rechercher constamment une vitesse extrême et à se trouver "à la limite du chavirage tout le temps".
"On est super inquiets. Il faut réguler tout le temps les voiles pour soulager quand le bateau plante dans les vagues", a-t-il expliqué. "Les trois premiers jours c'était très fort, au quatrième j'étais blindé : je m'étais habitué à un niveau de stress inconnu pour moi jusqu'alors", a ajouté le skipper, qui en 2011 avait chaviré au large de New York avec le même bateau, lors d'une précédente tentative.
Pour battre le record, le navigateur à la carrure de bûcheron devait passer à la verticale de Lizard avant lundi à 04H45 GMT (06H45 heure française).
Au cours des deux derniers jours, il a tutoyé en permanence son propre record de la plus longue distance parcourue en 24h (666,2 milles, soit 1.233,4 km), atteignant en milieu de nuit dernière les 665,6 milles.
Coville avait établi en 2008, avec son maxi-trimaran Sodebo, un bateau quasi jumeau d'Idec, un temps de 5 jours, 19 heures et 29 minutes.
Pour battre son record, Joyon devait tenir une moyenne horaire de 20,7 noeuds sur les 2.880 milles nautiques théoriques (5.334 km) du parcours. Mais en cinq jours, son trimaran, poussé au maximum de ses possibilités, a filé à plus de 23 noeuds par rapport à la route directe, celle suivie par Coville en 2008 sur les deux-tiers de son parcours.
Joyon est allé en réalité plus vite que cela, menant un combat titanesque après avoir emprunté une route plus au sud, évoluant ainsi à plus de 400 milles de la route épousée par Coville.
Pour compenser ces milles "superflus", c'est à une moyenne de plus de 26 noeuds qu'il a progressé, sur le fil du rasoir d'un centre dépressionnaire, un pari invraisemblable tant la fenêtre météo choisie comportait d'incertitudes.
© AFP/Emmanuel Dunand
Le skipper français Francis Joyon
le 16 mai 2013 à New York
Joyon signe "une performance exceptionnelle", a réagi le navigateur suisse Bernard Stamm , interrogé à Brest par des journalistes. "Francis c'est quelqu'un d'exceptionnel, il n'y en a plus beaucoup comme ça".
Avec ce nouveau record, Joyon ajoute le seul grand record en solo qui manquait encore à son palmarès.
Il détient déjà ceux du tour du monde (57 j 13 h 34 min en 2008), de la Route de la Découverte (8 j 16 h 07 min en 2013) entre Cadix (Espagne) et San Salvador (Bahamas) et celui de la plus grande distance parcourue en 24 heures, réalisé en 2012.
Seul à bord de son trimaran de 30 mètres, il approche également sur cette transatlantique nord le record en équipage du gigantesque Banque Populaire V (40 mètres), établi en 2009 par Pascal Bidegorry en 3 jours 15 heures et 25 minutes.
Bruno Peyron (1987, 1992), Florence Arthaud (1990) et Laurent Bourgnon (1994) s'étaient déjà tour à tour arrogé ce record mythique en solitaire.
Francis Joyon l'avait lui-même battu une première fois en 2005, après 6 jours et 4 heures de course, avant que ce temps ne soit amélioré par Coville.