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© AFP/Justin Sullivan
Le personnel de l'équipe s'affairant autour du catamaran Artemis chaviré dans la baie de San Francisco le 9 mai 2013
Le décès du Britannique Andrew Simpson dans le chavirage du catamaran suédois Artemis, jeudi en baie de San Francisco, jette une ombre sur la Coupe de l'America, à deux mois des premières régates, et relance le débat sur la sécurité des surpuissants multicoques AC72.
La mort de Simpson, double médaillé olympique (2008 et 2012) en Star avec son compatriote Iain Percy , est unique dans l'histoire de la "Cup", plus vieux trophée sportif au monde (1851) et summum de la voile de compétition.
Le drame s'est produit entre 12h30 et 13h00 locales (21h30-22h00 heure française). L'équipe suédoise s'entraînait en vue des premières épreuves de la Coupe Louis Vuitton (7 juillet-30 août), d'où émergera le challenger qui affrontera le détenteur de la Coupe de l'America, Oracle Team USA, du 7 au 21 septembre.
"Nous avons été prévenus qu'un bateau d'Artemis avait chaviré et qu'une personne était restée sous l'eau 10 à 15 minutes", a expliqué Mindy Talmadge, une porte-parole des pompiers de San Francisco.
Simpson, 36 ans, a été transporté à terre au St. Francis Yacht Club, où les tentatives de réanimation cardio-respiratoire ont continué. "Malheureusement, c'est là que son décès a été constaté", a indiqué Mme Talmadge.
© AFP/Don Emmert
Photo prise le 21 août 2008 du marin britannique Andrew Simpson
Cet accident intervient six mois après le chavirage, spectaculaire mais sans dommage pour son équipage, du premier AC72 d'Oracle dans la même baie de San Francisco. Il confirme tragiquement que ces catamarans de 22 m de long, menés par onze équipiers surentraînés, sont extrêmement délicats à piloter et peuvent facilement se mettre sur le toit.
Propulsés par des ailes rigides de 40 m de haut et d'une superficie de 260 m2 (580 m2 avec le gennaker), pesant 6 tonnes à vide, les AC72 sont les engins flottants les plus sophistiqués au monde, hybrides d'avions de chasse et de voiliers capables de voler au-dessus de l'eau à plus de 40 noeuds (75 km/h) une fois montés sur leurs foils (plans porteurs).
Au grand dam des puristes, les AC72 ont remplacé les monocoques lourds et lents utilisés jusqu'ici (sauf à deux reprises, en 1988 et 2010). La 34e "Cup" sera la première à se disputer avec ces monstres de technologie, conçus par les meilleurs architectes et construits en carbone, pour des budgets de l'ordre de 100 millions d'euros.
Artemis restera-t-il?
On peut se demander si, à seulement huit semaines des premiers bords, Artemis aura les moyens et le temps de reconstruire son bateau et de le mettre au point. Compte tenu de la complexité de ces machines, c'est douteux.
Il n'est pas dit non plus qu'Artemis, propriété du pétro-milliardaire suédois Torbjörn Törnqvist et "challenger of record" (challenger de référence) de la "Cup", aura envie de continuer après un tel drame.
"L'équipe d'Artemis est consternée par ce qui s'est passé, a déclaré son directeur américain Paul Cayard . Nous pensons tous à (la) femme (d' Andrew Simpson ) et à sa famille".
Si Artemis se retire, il ne restera que deux bateaux -Emirates Team New Zealand (NZL) et Luna Rossa (ITA)- en lice dans la Coupe Louis Vuitton. Les éliminatoires des challengers, déjà maigrelettes avec seulement trois participants, et la "Cup" elle-même perdraient alors beaucoup d'intérêt.
Moins de 24 heures après l'accident, les circonstances exactes du chavirage sont encore parcellaires. Il semble toutefois que le bateau suédois n'ait pas été victime d'une fausse manoeuvre de l'équipage mais plutôt d'un problème structurel.
Depuis sa mise à l'eau en novembre, Artemis a des soucis avec les poutres qui relient les deux coques du catamaran, et le bateau a été sorti de l'eau plusieurs fois pour tenter de résoudre ces problèmes. Sans grand succès semble-t-il.