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L'adoption d'un "petit" bateau pour la prochaine Coupe de l'America, en 2017 aux Bermudes, serait, si elle entérinée par les challengers, un véritable coup de théâtre sur le plan financier mais aussi pour les architectes et les équipages.
Le directeur commercial de la prochaine "Cup", Harvey Schiller, peut se vanter d'avoir provoqué un joli pataquès en laissant entendre que le bateau retenu pour 2017, le catamaran AC62 de 19 m de long, pourrait être abandonné au profit d'un multicoque inspiré de l'AC45, long de 13,45 m et équipé de foils lui permettant de voler au-dessus de l'eau.
Selon Schiller, le nouveau bateau serait beaucoup moins cher et sans doute aussi rapide (plus de 45 noeuds) grâce à ses foils ainsi qu'à une conception et des matériaux plus modernes. Et donc tout aussi spectaculaire pour le public à terre... et la télévision.
L'AC62 avait pourtant été choisi par le "defender" américain Oracle Team USA et ses cinq challengers: les Suédois d'Artemis Racing, les Britanniques de Ben Ainslie Racing, les Néo-Zélandais d'Emirates Team New Zealand, les Italiens de Luna Rossa Challenge et les Français de Team France.
Rien n'est encore gravé dans le marbre car cette modification doit encore être soumise au vote des équipes, en principe d'ici la fin mars. Mais certains, comme les Italiens de Luna Rossa, ont d'ores et déjà prévenu qu'ils se retireraient de la "Cup" 2017 si l'AC62 était abandonné. Les Néo-Zélandais sont semble-t-il sur la même longueur d'onde.
- Chômage technique -
Dans un contexte économique difficile, passer de 60 millions d'euros (sur trois ans) à 15 ou 20 est évidemment séduisant. "C'est énorme", observe un membre de l'un des "petits" défis. "On change de dimension financière et c'est une très bonne chose: la Coupe de l'America n'est plus réservée à des milliardaires."
Au-delà de l'aspect financier, l'adoption d'un catamaran se rapprochant de l'AC45 aurait cependant pour conséquence de mettre en chômage technique nombre de navigants.
Jusqu'en 2007, la Coupe de l'America se disputait sur des monocoques, avec 17 équipiers et souvent deux bateaux par équipe. Sur les AC72, les "araignées d'eau" de 22 m utilisées en 2013 à San Francisco, il ne restait plus que 11 personnes. Des équipages de 8 étaient prévus en AC62 et ils ne seront plus que 5 en AC45. Les places à bord seront chères et les autres vont devoir se reconvertir. Où ?
Que dire aussi des bureaux d'études qui planchent sur l'AC62 depuis plusieurs mois ?
- La fin de la démesure ? -
Luna Rossa dépense des millions d'euros depuis un an pour concevoir son AC62 et entrainer le futur équipage, rappelle le site spécialisé Adonnante.com. De tous les challengers, "c'est certainement Luna Rossa qui est le plus en avance sur le sujet. Tout ce travail sera-t-il jeté avec l'eau du bain ?"
Idem pour les architectes navals (dont nombre de Français) qui ont été recruté ces derniers mois, notamment par les Néo-Zélandais et les Suédois.
La Coupe de l'America a été toujours été associée à la démesure. On peut le regretter mais c'est pour cela qu'elle est unique et qu'elle fascine. Qu'en sera-t-il avec des catamarans rétrécis de près de 10 m par rapport aux AC72 qui ont émerveillé le monde de la voile dans la baie de San Francisco ?
Et en quoi ces AC45 (ou apparentés) seront-ils très différents des Extreme 40 (12 m et cinq équipiers) qui ont déjà leur propre circuit, ou des GC32, catamarans à foils d'une dizaine de mètres de long qui sont en passe de les concurrencer ?