Happy Birthday : |
© AFP/FRED TANNEAU
Jimmy Viard, l'un des analystes de la société CLS, spécialisée en océanographie spatiale, le 15 décembre 2016 à Brest
Sept jours sur sept des experts de la société CLS, spécialisée en océanographie spatiale, traquent depuis Brest les icebergs de l'Antarctique qui pourraient croiser la route des coureurs au large, dont les 22 marins toujours en lice dans le Vendée Globe.
C'est grâce à une antenne de cinq mètres de diamètre, unique en France, que des spécialistes de la société Collecte Localisation Satellites (CLS), une filiale de l'agence spatiale française (CNES) et de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), scrutent les blocs de glace des mers du Sud.
Protégée du soleil, du vent et de la pluie par un large radôme blanc, cette antenne baptisée VIGISAT et située depuis 2009 sur la commune de Plouzané, aux portes de Brest, est la seule en France capable de recueillir des images en haute résolution permettant de localiser les icebergs.
"Les satellites radar c'est ce qu'il y a de plus performant pour la surveillance maritime", explique à l'AFP Vincent Kerbaol, directeur du site brestois de la société basée à Toulouse. "Ils sont en mesure de prendre des images de jour, de nuit et quelle que soit la couche nuageuse", précise-t-il.
Une fois les images captées, elles sont analysées sept jours sur sept au centre opérationnel de CLS situé à quelques dizaines de mètres de l'antenne VIGISAT.
Sur un des ordinateurs de cette salle, où travaillent quatre analystes, une image fait apparaître sur un fond gris une multitude de petits points blancs d'à peine quelques millimètres, qui représentent dans la réalité des icebergs de plusieurs centaines de mètres de long.
- 'Mur de glace' -
© AFP/FRED TANNEAU
Vincent Kerbaol, directeur du site brestois de la société CLS, spécialisée en océanographie spatiale, le 15 décembre 2016
"On ne voit que les icebergs qui font plus de 100 mètres", confirme Sophie Besnard, chef de projet Vendée Globe chez CLS. Cependant, les plus gênants pour la navigation sont les petits, de l'ordre du mètre cube. "Ces petits icebergs sont indétectables, mais ils sont forcément issus d'un très gros qui n'est pas loin", explique la spécialiste, dont la société a développé des modèles de dérive prenant en compte ces petits blocs de glace flottant entre deux eaux et appelés growlers.
L'entreprise, qui donne également la position des monocoques engagés dans le Vendée Globe grâce à des balises de localisation, contribue ainsi à fixer avec la direction de la mythique course les limites de la zone d'exclusion ou "mur de glace" à ne pas franchir.
Cette ligne, qui interdit aux concurrents de descendre trop au sud où ils risqueraient une collision avec un iceberg, a été mise en place après plusieurs chavirages et une disparition en mer -- Gerry Roufs -- lors des premières éditions de cette course à la voile autour du monde, en solitaire, sans escale et sans assistance.
Depuis le départ le 6 novembre des Sables-d'Olonne (Vendée) des 29 marins engagés dans la course et dont seuls 22 sont toujours en lice, cette limite a déjà été modifiée à sept reprises.
"Ne pas avoir a gérer ce danger que sont les icebergs c'est un confort qui est super important", a témoigné Yann Eliès mercredi soir via le site du Vendée Globe. "La tempête que j'essuie en ce moment je suis un peu contraint et forcé de la prendre sur moi parce que je ne peux pas descendre en-dessous du mur de glace chercher des vents un peu moins forts", a cependant souligné le 5e au classement pris dans une dépression au large de la Tasmanie.
"On programme des images tout au long de la course devant le leader, suffisamment loin devant lui pour pouvoir remettre en cause si besoin la ligne d'exclusion des glaces", explique Jimmy Viard, l'un des analystes du site breton, assurant veiller aussi sur le reste du peloton.
Depuis le début de la course quelque 400 icebergs ont été suivis par la CLS dont les clients vont des courses au large au ministère des Pêches indonésien, en passant par les administrations maritimes, des scientifiques ou des armateurs.