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© AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Un catamaran à foils lors d'une régate à La Baule (ouest de la France), le 24 août 2016
Le Vendée Globe, qui part dimanche des Sables-d'Olonne, sera-t-il gagné par un bateau à foils? Ces "moustaches" qui font s'élever les bateaux au-dessus de l'eau pourraient être l'arme fatale de l'édition 2016-2017 du tour du monde en solitaire.
Concrètement, les foils permettent de soulager les carènes et réduisent la traînée hydrodynamique pour permettre aux monocoques d'atteindre des vitesses naguère réservées aux multicoques.
Icare est-il en train de faire la peau à Archimède, comme le résume joliment François Gabart (vainqueur de la dernière édition) dans son livre "Rêver large"?
La question fait l'objet de débats passionnés (et passionnants) depuis plusieurs mois au sein de la communauté des architectes et des coureurs. La réponse n'est pas évidente car si les foils, sortes de dérives courbes, ont démontré leur efficacité au +reaching+ (allures portantes), ils ont aussi la réputation d'être fragiles et de "traîner de l'eau" au près, contre le vent.
Au cours des derniers mois, les foils ont évolué, les bureaux d'étude tentant de gommer ces défauts de jeunesse.
La planète voile attend donc avec impatience le départ (et l'arrivée!) de la 8e édition de la course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance pour savoir si, comme le dit Sébastien Josse (Edmond de Rothschild), ces appendices sont "une véritable révolution".
Quentin Lucet, chargé des Imoca 60 (18,28 m) -les voiliers du Vendée Globe- dans le cabinet VPLP qui, avec Guillaume Verdier, a signé les 7 +foilers+ de la course (sur 29 bateaux engagés), estime que tout dépendra sans doute de la résistance physique des skippers.
"Les Imoca à foils génèrent des mouvements très violents en latéral comme en longitudinal", explique-t-il dans un entretien avec l'AFP, confirmant ainsi les dires de marins aussi durs au mal que le Français Jérémie Beyou (Maître Coq) ou le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss).
"Dans le mauvais temps, leurs skippers finissent par se déplacer à quatre pattes, ajoute-t-il. Les phénomènes d'accélération et de décélération sont particulièrement brutaux. Les bateaux rattrapent les vagues et quand ils rentrent dedans, c'est comme dans un mur".
- Réponse vers le 20 janvier -
"Le mental et le physique suivront-ils? On ne sait pas, on n'a pas de réponse. Les bateaux à foils sont très performants, souligne Lucet. On en est à la 3e génération et, à l'évidence, ça fonctionne. Certaines équipes ont mentionné des gains de 3 noeuds (5,5 km/h), ce qui est énorme".
© AFP/Sabrina BLANCHARD
Le parcours du Vendée Globe 2016-2017
"Mais les skippers sont-ils capables de maintenir longtemps la cadence imposée par ces bateaux, qui peuvent atteindre des vitesses de 33 à 34 noeuds (environ 65 km/h), soit celles des trimarans Orma (Ocean Racing Multihull Association/18,28 m) d'il y a 10-15 ans?", s'interroge l'architecte naval.
"Des +foilers+ ont déjà gagné trois grandes courses océaniques (St Barth/Port-la-Forêt avec Josse, The Transat avec Armel Le Cléac'h et New York/Vendée avec Beyou), rappelle-t-il. Mais le Vendée Globe est une course beaucoup plus longue, de quelque 78 jours (record à battre, établi par Gabart en 2013)".
Selon Quentin Lucet, "un +foiler+ pourrait -en théorie- terminer la course 2 à 3 jours plus tôt qu'un Imoca doté de dérives classiques (droites). Mais seulement s'il est mené à 100% de ses capacités..."
De toute manière, poursuit-il, "on ne peut pas se baser sur les performances déjà enregistrées par les uns et les autres. Le Vendée Globe est une course tellement longue (21.638 milles/40.075 km, sur le papier) qu'il y a une part d'aléatoire (collision avec un OFNI, avarie, etc.) qu'on ne maîtrise pas. Il y aura toujours quelque chose qu'on n'aura pas imaginé..."
Réponse vers le 20 janvier 2017 aux Sables-d'Olonne.