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© AFP/DAMIEN MEYER
Le skipper français Sébastien Josse à bord de son monocoque Imoca pendant la préparation du Vendée Globe, le 23 septembre 2016, au large de Lorient
On est à des années-lumière d'un bateau de croisière et l'intérieur des voiliers qui prendront le départ du 8e Vendée Globe dimanche des Sables-d'Olonne évoque plus celui d'une capsule Apollo. En plus monacal et sans doute moins confortable...
Edmond de Rothschild, le bateau de Sébastien Josse -l'un des favoris- ne fait pas exception à la règle. Le monocoque Imoca, long de 18,28 m, est entièrement pensé pour la course, rien que la course.
Une bannette (couchette) sur cadre de chaque côté et un petit réchaud. La pièce maîtresse, le saint des saints, est un grand tableau de bord orientable d'un bord sur l'autre, rassemblant toutes les fonctions vitales (navigation, communication, énergie, etc.).
C'est dans cet univers d'une dizaine de m2 que Josse (41 ans) va vivre pendant environ deux mois et demi. Des conditions qui décourageraient les voileux les plus enthousiastes...
"Je fais des siestes de 20 à 40 minutes, 5 à 6 fois par jour", explique Josse à l'AFP lors d'une sortie d'entraînement, quelques semaines avant le départ. "J'ai une grosse alarme à bord mais je me réveille presque toujours avant qu'elle sonne. En course, on est en état de stress permanent, à l'écoute du bateau. On culpabilise d'être obligé de dormir!"
Côté nourriture, "Seb", qui disputera son 3e Vendée Globe (5e en 2005, abandon en 2009), table sur deux repas chauds par jour. Il a bénéficié des conseils d'un chef étoilé, Julien Gatillon, qui lui a concocté des repas déshydratés haut de gamme.
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Le monocoque Imoca du skipper français Sébastien Josse pendant la préparation du Vendée Globe, le 23 septembre 2016, au large de Lorient
Mais la priorité de Josse, c'est évidemment de faire marcher son bateau le plus vite possible. "J'apprends à chaque sortie, je gagne en confiance et j'élève mon niveau de jeu", affirme-t-il.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les skippers du Vendée Globe sont rarement à la barre. "Seulement 5% de notre temps", précise Josse, dont le bateau est équipé de deux pilotes automatiques.
Le skipper d'Edmond de Rothschild est considéré comme l'un des marins les plus brillants de sa génération, aussi à l'aise à la barre d'un trimaran qu'à celle d'un monocoque.
Dans le Vendée Globe, il sera aux commandes d'un plan VPLP-Verdier de 2015, l'un des sept +foilers+ engagés dans la course sur un total de 29 partants.
- Marathon océanique -
La manoeuvre d'un tel voilier exige un formidable savoir-faire et une grande coordination. Un virement de bord, par exemple, requiert environ une demi-heure d'efforts violents... quand tout va bien. Beaucoup plus quand ça +piaule+ (souffle fort).
Ca commence par le +matossage+, le déplacement des sacs à voile d'un bord sur l'autre. Une bonne mise en condition dont on sort les jambes flageolantes, le souffle coupé et avec un rythme cardiaque proche de la zone rouge.
Durant le Vendée Globe, chaque skipper peut embarquer un maximum de 9 voiles: 1 grand-voile et 8 focs, soit un total de 1.460 m2 pour 500 kilos.
Il faut ensuite préparer le cockpit, mettre de l'ordre dans les dizaines de +bouts+ (cordages) de toutes tailles et couleurs qui l'envahissent. Mieux vaut ne pas se tromper...
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Le skipper français Sébastien Josse aux Sables-d'Olonne le 15 octobre 2016
Une fois la contre-écoute et la bastaque (qui tient le mât sur l'arrière) parées, on remet la quille basculante dans l'axe avant de déclencher le virement de bord avec le pilote automatique.
La quille, profonde de 4,50 m avec son lest, bascule au vent d'environ 40 degrés. Il reste alors à régler les voiles avec le +moulin à café+ (winch) installé dans le cockpit, à s'occuper des ballasts pour rééquilibrer le bateau sur le nouveau bord.
Edmond de Rothschild va vite, très vite, mais -comme tous les Imoca "à moustaches" (foils)- il est particulièrement inconfortable. "Les matériaux (carbone, dyneema, etc.) ont tellement progressé en raideur qu'on a peut-être atteint une limite pour le skipper car il n'y a plus aucune souplesse, aucun amortissement. C'est l'organisme qui encaisse", note Josse.
Verdict fin janvier, au terme d'un marathon océanique désormais disputé au rythme d'une Solitaire du Figaro.