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© AFP/Jean-Marie Liot
Le skipper suisse Bernard Stamm
(Cheminées Poujoulat) à bord de son monocoque, le 1er octobre 2012
Le skipper suisse Bernard Stamm , qui disputait son 3e Vendée Globe, a été disqualifié mercredi par le jury de la course pour avoir enfreint le règlement lors de son mouillage le 23 décembre aux îles Auckland en recevant l'aide d'un navire russe.
Stamm avait fait une escale forcée dans cet archipel néo-zélandais du Pacifique pour réparer les fixations de ses hydrogénérateurs, des petites hélices immergées à l'arrière de son bateau et fournissant l'électricité nécessaire notamment au fonctionnement du pilote automatique et de l'électronique du bord.
L'ancre de son bateau "Cheminées Poujoulat" ne crochant pas sur le fond, tapissé d'algues laminaires, le Suisse s'était mis à couple d'un navire scientifique russe, le Professeur Khoromov, mouillé près de lui dans Sandy Bay (île Enderby), après avoir prévenu son équipage par VHF (radio).
Sans être sollicité par Stamm, un matelot du navire russe est monté à bord et y resté pendant toute l'opération (remontée de l'ancre et amarrage au Professeur Khoromov). "Quand je l'ai vu à bord, je n'ai pas trouvé d'argument qui justifiait le fait de le renvoyer du bord", a expliqué le skipper.
Stamm a considéré que c'était "un cas de force majeure pour lequel il fallait agir de sorte à mettre le bateau en sécurité et ne pas créer de problème au navire mouillé à côté", a rapporté le comité de course.
Le jury du Vendée Globe a estimé que "s'amarrer sur un autre bateau" constituait une première infraction et que le fait de ne pas demander "à la personne sur son bateau de quitter le bord quand il l'a découverte" en était une deuxième.
Stamm, qui occupait mercredi matin la 10e place (sur 13) du Vendée Globe, a fait appel de cette décision.
"J'ai le droit de demander la réouverture du dossier, donc c'est ce que je vais faire, a-t-il dit. Je pense toujours avoir agi dans l'esprit de la course. Je pense que le jury n'a pas tenu compte du contexte, j'ai agi pour la sécurité de mon bateau".
Cette sanction a provoqué l'incompréhension de plusieurs compagnons de route de Stamm.
"Je suis remonté comme une pendule sur cette histoire-là, a déclaré le Français Jean Le Cam (SynerCiel), 5e. Pour moi, Bernard a agi en bon marin, il a tout fait pour sauver son bateau et on le pénalise!"
"Ça me désespère. Si ce qu'a vécu Bernard n'est pas un cas de force majeure alors je ne sais pas ce que c'est. J'ai envoyé un mail au jury ce (mercredi) matin car on ne peut pas prendre des décisions pareilles. Il faut se rendre compte qu'à l'avenir on ne pourra plus se porter assistance en cas de danger immédiat, de peur d'être disqualifié".
"Je trouve cela scandaleux, je suis sous le choc de cette annonce", a pour sa part affirmé le Français Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), 3e. "Cette décision du jury me parait totalement démesurée. Bernard Stamm a commis une infraction au règlement, je peux comprendre qu'il soit pénalisé pour cela, mais pas à cette échelle. La disqualification est vraiment forte. C'est hallucinant! Il s'agit d'un cas de force majeure, Bernard a agi en bon marin pour sauver son bateau".
"Les règles sont les règles, etc... Mais (...) ça parait très injuste", a pour sa part noté le Britannique Mike Golding (Gamesa), 6e. "Je suis vraiment réservé sur cette décision, elle ne me semble pas correcte et je suis vraiment vraiment très triste pour Bernard".
Après avoir fait escale aux îles Auckland et constaté qu'il ne pouvait pas réparer ses fixations d'hydrogénérateurs en raison d'une météo trop mauvaise (clapot et pluies incessantes), Stamm avait repris la mer en direction de Dunedin, sur la côte orientale de l'île sud de la Nouvelle-Zélande.
Dans un mouillage plus abrité, il avait pu mener à bien ses réparations et reprendre la course le 28 décembre.
Le coup est particulièrement dur pour le Suisse, 49 ans, qui avait déjà abandonné lors des Vendée Globe 2000-2001 (problèmes mécaniques) et 2008-2009 (échouage aux îles Kerguelen, dans l'océan Indien).
La disqualification de Stamm signifie qu'il ne reste plus mercredi que 12 bateaux encore en course sur les 20 qui avaient pris le départ le 10 novembre des Sables-d'Olonne (Vendée).