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© AFP/Jean-Marie Liot
Le skipper François Gabart, lors d'un entraînement, le 24 septembre 2012, au large de Penmarc'h (Finistère).
Dans le trio de tête du Vendée Globe au milieu de l'océan Indien, François Gabart enchaîne les records de vitesse avec un calme, une lucidité et une détermination qui impressionnent de la part d'un coureur qui s'aventure pour la première fois dans ces eaux inhospitalières.
Difficile de réaliser que Gabart -2e au classement de 15h00 (GMT) mardi derrière Armel Le Cléac'h- courait encore en Figaro (10,10 m de long) il y a seulement deux ans. A 29 ans, le benjamin de la course (depuis l'abandon de Louis Burton) réalise une performance époustouflante avec son monocoque Imoca de 18,28 m, un monstre de puissance en comparaison d'un Figaro.
Toujours aux avant-postes depuis le départ le 10 novembre des Sables-d'Olonne (Vendée), le protégé de Michel Desjoyeaux est tout simplement étonnant.
Entre dimanche 15h00 GMT et lundi même heure, Gabart a parcouru 545,3 milles (1.009,8 km) à la moyenne de 21,1 noeuds. Il a ainsi pulvérisé le précédent record, établi par un autre Français, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec 3), le 1er décembre (502,5 milles). Et franchi le premier la barre symbolique des 1.000 km abattus en 24 heures.
Gabart est aussi l'homme le plus rapide depuis le coup d'envoi de ce Vendée Globe avec 10.763 milles parcourus en 30 jours, à la moyenne de 14,9 noeuds.
Lorsqu'on lui demande s'il n'a pas parfois le sentiment de pousser un peu trop sa machine, un plan VPLP-Verdier lancé en août 2011, il reconnaît "se poser toujours la question". Mais ajoute aussitôt qu'"à aucun moment (il n'a) eu la sensation désagréable que c'était le cas".
"Je suis à l'écoute de mon bateau, j'essaie de sentir s'il force ou pas", a-t-il expliqué mardi lors d'une audioconférence, avec la sérénité qui caractérise cet ingénieur de formation, pur produit de "l'usine à champions" du Pôle Finistère course au large de Port-la-Forêt.
© AFP/Vincent Curutchet
François Gabart pose avant le départ du Vendée Globe, le 26 septembre 2012 à Paris.
Il dit ne pas ralentir la nuit -on le croit volontiers au vu des classements- et estime dormir suffisamment. "Ce n'est pas de l'intox. Si le bateau va bien, à 23-24 noeuds, il n'y a rien à faire, il faut se reposer".
Gabart a reconnu avoir eu "plein de petits soucis techniques, des bricoles" depuis le départ. "Mais rien de grave, de pas réparable. Après avoir passé la +porte+" (des glaces de l'île Amsterdam), j'ai changé des +bouts+ qui étaient usés. J'ai perdu 2-3 milles sur Banque Populaire (Armel Le Cléac'h) mais maintenant ça va bien. On perd forcément de l'énergie à bricoler".
Le skipper de Macif étonne aussi par sa maturité. Il rejette par exemple l'idée qu'il aurait -lui le bizuth des 40e Rugissants- domestiqué les mers du Grand Sud car, a-t-il souligné, ce sont des territoires qu'on "n'apprivoise pas".
Jusqu'ici, a-t-il noté, "le Vendée Globe est conforme à ce que j'attendais, avec beaucoup de bonnes surprises. On a eu des grands surfs, des vitesses très élevées dans une grande houle. C'est très chouette à vivre".
Evoquant les risques de collision avec des glaces, le skipper de Macif a insisté sur le fait qu'il "ne prendra aucun risque à passer près d'icebergs comme certains (ndlr: le Britannique Alex Thomson) l'ont fait. C'est sûr que je ne ferai pas ça. Pour le reste, ce sont des choses qu'on ne maîtrise pas complètement".
"Après un mois de course, j'ai l'impression d'air trouvé mon rythme, a-t-il conclu. La terre me manque quand même mais je me sens bien..."