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© AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Des concurrents du Vendée Globe, le 15 octobre 2016 aux Sables-d'Olonne
"Pas de Noël, pas de jour de l'An, rester en alerte, tenir son cap": Lilian a gagné le dernier Vendée Globe... au chaud, au sec et derrière son ordinateur, sur la version en ligne du célèbre tour du monde à la voile.
Lui et les autres skippers 2.0 attendent avec impatience de se jeter de nouveau à la mer (virtuelle) avec le départ de la prochaine édition, qui s'élancera le 6 novembre des Sables-d'Olonne.
74 jours, 16 heures et 59 minutes, c'est le temps qu'il a fallu à Lilian Launay pour boucler son "Everest des mers" en 2012-2013. Trois jours de mieux que François Gabart, le lauréat de la dernière édition de cette course dans la vraie vie.
"Au Cap Horn, j'ai tenté une route qui m'a réussi", explique le Francilien de 48 ans. Il n'est "pas voileux mais (s'est) pris au jeu", comme les 487.000 joueurs de Virtual Regatta, jeu en ligne gratuit ou payant, moyennant quelques euros, pour acheter des options comme un pilote automatique ou des voiles supplémentaires.
A Mons (Belgique), Frédéric Olivier est "prêt" et surtout "impatient" de s'élancer avec son monocoque de 60 pieds qu'il a baptisé "Contact", son surnom au travail.
Son salon fera office de cockpit pour ne pas "gêner" sa compagne lors de ses réveils nocturnes. "Je me lève trois à quatre fois dans la nuit pour surveiller si mon bateau n'est pas échoué", confie le Belge, qui a terminé 10e en 2013.
- 'Sobre' le soir du réveillon -
Lilian, lui, y consacre entre une demi-heure à quatre heures par jour. "Tout dépend de la météo. On travaille avec les mêmes fichiers que les skippers". A la différence près qu'"on est au chaud et il nous faut un clic pour changer de voile contre une demi-heure pour les skippers", relativise-t-il. "Je suis admiratif de ces gens-là".
Son titre virtuel lui a permis de rencontrer Gabart à son arrivée aux Sables-d'Olonne, mais aussi d'être sponsorisé pour cette nouvelle édition du Vendée Globe virtuel, où le navigateur visualisera son voilier en 3D, une première.
Tout comme les 29 skippers engagés cette année, les "navigateurs de salon" devront parcourir 21.638 milles (40.075 km) théoriques et franchir trois caps: Bonne Espérance, Leeuwin et le légendaire Horn, "cap des tempêtes".
"Le jeu tourne pendant les fêtes, il faut rester en alerte" durant près de trois mois, explique Lilian Launay. Si bien que pour le soir du réveillon, il restera... "sobre"!
A Rennes, Frédéric Maymil joue à Virtual Regatta depuis sa création en 2008. "Un copain voileux" l'a initié.
"Ca m'arrivait de mettre le réveil pour régler mes voiles quand je savais que je n'allais pas suffisamment vite", raconte-t-il. Mais il ne joue pas la "gagne", l'estimant "impossible sans les options payantes".
- Les vrais skippers aussi -
Pour autant, le Breton de 51 ans est assez fier d'avoir terminé 1er de son groupe d'amis alors qu'il avait pris le départ une semaine après. "Et puis passer le cap Horn, ce n'est pas rien!"
Le premier "surpris" de cet engouement autour du jeu est son créateur français Philippe Guigné, ex-skipper professionnel, qui explique son succès par sa simplicité: "Pour jouer, il faut fixer un cap et mettre la bonne voilure".
Un jeu qui a ainsi séduit les amateurs mais aussi les professionnels. "C'est rigolo, vous vous prenez au jeu comme si vous étiez sur l'eau en essayant de faire une route optimale avec votre météo", confie Fabrice Amedeo, qui va participer à son premier Vendée Globe (le réel, pas le virtuel). "Il y a même des skippers qui font ça pour s'entraîner quand ils ne font pas de course."
"Jouer en virtuel avec les mêmes conditions de mer, c'est intéressant", affirme aussi Louis Burton. Le jeu permet également d'offrir une "visibilité" à ce sport qui compte environ 290.000 licenciés en France, estime le skipper de 31 ans, qui s'élancera pour son 2e Vendée Globe.
A quelques semaines du départ, Lilian, le champion en titre, n'a "pas vraiment d'objectif". "Tout dépendra de la météo, on verra. C'est ça qui est bien!"