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© AFP/DAMIEN MEYER
Armel Le Cléac'h, le 6 novembre 2016 lors du départ du Vendée Globe au large des Sables-d'Olonne
Chasseur malheureux derrière François Gabart il y a quatre ans, Armel Le Cléac'h (Banque populaire VIII), cette fois chassé par Alex Thomson, reconnaît "une pression supplémentaire" et a l'obsession de "ne pas faire d'erreur", jeudi à une semaine de l'arrivée du Vendée Globe.
D'autant que le Britannique (Hugo Boss) n'en finit pas de faire le yo-yo avec le Breton et se rapproche une nouvelle fois, le monocoque de Le Cléac'h étant entré dans une zone de vent plus faible.
Q: Une fois de plus dans ce Vendée Globe, Alex Thomson se rapproche de vous...
R: "On commence à avoir un peu l'habitude, malheureusement, de ce yo-yo depuis le cap Horn... Ça aurait pu être plus simple, plus facile, mais ce n'est pas le cas. Les prochaines heures vont être meilleures pour lui: il va rester dans l'alizé avant de rentrer dans cette zone de vent plus faible, donc il va réduire l'écart. Après, dans cette zone-là, il peut y avoir des écarts entre théorie et réalité. Normalement, on devrait sortir en premier des vents faibles, toucher le vent de nouveau et accélérer en premier."
Q: Comment vivez-vous cette situation ?
R: "Ça met une pression supplémentaire. Jusqu'au bout, il va falloir se battre, rien n'est fait, rien n'est garanti, loin de là. Ça ne va pas être simple, jusqu'au bout. Je suis à fond, je ne vais rien laisser passer. Il s'accroche bien, il a eu une météo plus favorable depuis le cap Horn, il a mis quasiment un jour de moins entre le cap Horn et l'équateur. C'est sûr que devant, ça ne m'a pas facilité les choses..."
Q: Il y a quatre ans, c'est vous qui étiez dans la position du chasseur, derrière François Gabart...
R: C'est différent parce qu'il y a quatre ans, on était déjà au coude-à-coude quasiment dans toutes les mers du Sud, on avait passé le cap Horn avec une heure d'écart, et dans la remontée de l'Atlantique, on était resté assez proche. Mais la météo avait été plus simple, il ne s'était pas passé grand-chose, il n'y avait pas eu vraiment de yo-yo, c'était stable. Là, c'est assez différent. C'est sûr que j'aurais bien aimé avoir une météo comme celle d'il y a quatre ans, ça aurait été beaucoup plus facile... (...) Mentalement, devant, il y a plus de pression: ne pas faire d'erreur, rester devant, que derrière il ne remonte pas trop..."
Q: Il reste une semaine de course. Êtes-vous impatient d'arriver ?
R: "Il y a de l'impatience parce que, mine de rien, ça fait quand même un petit moment qu'on est parti... 66, 67 jours, je ne sais plus combien... On a envie d'arriver, notamment avec ce scénario un peu compliqué, cette pression mise par mon concurrent qui complique la donne. On sera content quand ça se terminera et qu'on pourra relâcher la pression."
Q: A quel moment vous direz-vous que la victoire ne peut plus vous échapper ?
R: "Je me dirais +tout va bien+, j'espère, à moins de cent mille de l'arrivée si je suis toujours devant, et quand il n'y aura plus de risque qu'il se passe quelque chose. Jusque-là, tout peut arriver, le pire comme le moins pire. On ne va pas imaginer de scénario, il reste sept jours, on va prendre les prochaines 24 heures, plus les 24 suivantes... (...) Il y a encore du boulot, ce n'est pas tout droit, ce n'est pas sur un seul bord, ça ne va pas être simple."
Q: Comment se porte votre bateau après 67 jours de mer ?
R: "Le bateau va bien. Bien sûr il y a eu des bricoles depuis le départ. Mais le principal fonctionne. On est à 100% du potentiel du bateau, c'est positif. On a les deux foils, on a des voiles, on a ce qu'il faut pour continuer normalement. Je ne sais pas quel est l'état du bateau d'Alex, on ne va pas se concentrer là-dessus de toute façon, maintenant il faut aller jusqu'au bout à fond.