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© AFP/DAMIEN MEYER
Un foil (en orange) sur le monocoque Banque Populaire d'Armel Le Cléac'h lors d'une sortie au large de Lorient avant le Vendée Globe, le 23 septembre 2016
Majestueux mais jusque-là encore un peu lents, les bateaux du Vendée Globe ont pris des allures de bolides lors de cette 8e édition, grâce à une petite révolution technologique: le foil.
Et si les bateaux volaient sur l'eau ? C'est le postulat qui a fait entrer dans une nouvelle aventure le Vendée Globe, cette course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance sur des monocoques de la classe Imoca (60 pieds). Même si ces bateaux ne sont pas -encore- des avions.
Sur les 29 bateaux au départ, 7 étaient équipés de foils. Depuis, 11 bateaux ont abandonné, mais seulement 2 nantis de foils. Et les quatre premiers bateaux en tête de la course, à 48 heures de l'arrivée, sont tous des +foilers+. De quoi répondre positivement aux interrogations qui entouraient leurs capacités à répondre à des conditions météorologiques délicates.
Mais un foil, c'est quoi exactement ? Une sorte d'aile rétractable située de chaque côté du bateau, comparée dans sa forme à des moustaches, qui pèse environ 150 kg pièce et utilisé à la demande.
"C'est quand même une structure qui porte le bateau, qui soulage en appui sur la mer les 8 tonnes du bateau", souligne Michel Desjoyeaux , double vainqueur du Vendée Globe.
Un turbo nautique qui permet d'aller plus vite à certaines allures. Mais qui ne permet pas encore de voler.
"On a quand même une quille au bout de laquelle il y a plusieurs tonnes de plomb. Et le plomb ça n'aide pas vraiment au vol !", explique Ronan Lucas, team manager de l'équipe Banque Populaire de Le Cléac'h.
- 'Encore plus excitant -
Que ce soit Armel Le Cléac'h, sur Banque Populaire VIII, ou Alex Thomson, à bord de Hugo Boss, le vainqueur qui franchira la ligne jeudi aux Sables d'Olonne aura 4 à 5 jours d'avance sur le temps record de la précédente édition (78 jours par François Gabart).
Banque Populaire VIII et Hugo Boss ont été spécialement conçus pour cette édition du Vendée, avec cette innovation majeure. Ils mènent la course depuis le départ, le 6 novembre, même si Thomson a perdu un foil dans l'aventure en heurtant mi-novembre un objet flottant non identifié.
Troisième de la course, Jérémie Beyou se félicite d'avoir un bateau (Maître Coq) équipé de foils, qu'il estime avoir utilisé 70 % du temps.
"On sent le bateau accélérer tout d'un coup et s'alléger. Ca ne vole pas, on n'en n'est pas encore là, mais ça va arriver vite. Au début, ça fait bizarre, ce n'est pas naturel. Il faut aimer aller vite, ça peut être flippant, le bateau part vite. Mais faut s'y faire, ça va aller de plus en vite", relève-t-il.
- On attendait ça depuis 2000 ans! -
Pour François Gabart, vainqueur de l'édition 2012/2013 du Vendée Globe, "le monde de la voile évolue en ce moment à la vitesse grand V".
"Ce qui se passe sur la voile en ce moment est majeur. Ca faisait depuis 2000 ans qu'on n'avait pas inventé un truc comme ça. C'est une vraie fracture technologique comme dans l'automobile, où un jour on a inventé le moteur, la roue", se réjouit-il auprès de l'AFP.
Côté Hugo Boss, chez Alex Thomson, on se félicite aussi de cette nouveauté, qui permet au bateau d'aller 2 à 3 noeuds plus vite que ceux qui n'ont pas de foils, à vive allure.
"Le foil est une part très importante du bateau et de son succès. Ca a changé notre sport, on est dans un nouveau cycle de développement dans cette classe de bateau. Ca promet d'être encore plus excitant dans les cinq prochaines années", assure Stewart Hosford, directeur de Alex Thomson Racing.
A n'en pas douter, le Vendée Globe 2020 sera complètement foil!