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© AFP/JEAN-SEBASTIEN EVRARD
Le skipper français Armel Le Cleac'h (Banque Populaire VIII) en liesse après sa victoire au Vendée Globe, le 19 janvier 2017 aux Sables-d'Olonne
"Je ne pouvais pas la perdre cette course-là", a raconté Armel Le Cléac'h jeudi soir, après avoir remporté dans un temps record la 8e édition du Vendée Globe sur son Imoca Banque Populaire VIII, une course après laquelle il court depuis dix ans.
Question: Dans quel état d'esprit êtes-vous quelques heures après votre victoire?
Réponse: "Je suis toujours dans l'émotion de l'arrivée, toujours partagé entre l'envie de pleurer et une grande joie. C'est très fort de gagner le Vendée Globe. Je n'ai pas eu cette chance il y a quatre ans, ni il y a huit ans. Aujourd'hui je mesure pleinement cette chance. A l'approche de l'arrivée, on commence à cogiter. On se dit qu'on va gagner, mais je me mettais des claques, je me disais +arrête de dire ça, c'est pas bien, ça va te porter malheur+. Mentalement, je suis allé loin dans mes ressources. Je me suis fait violence, je me disais +c'est pas possible je ne peux pas la perdre cette course-là, c'est l'année où j'ai le plus de chances de gagner+. Je me suis accroché, je me suis battu. Le mot d'ordre à la fin, c'était gagner mètre par mètre, jusqu'au bout. Je ne voulais aucun regret à l'arrivée".
Q: Vous êtes-vous surpassé dans le duel constant avec Alex Thomson?
R: "Alex m'a poussé jusqu'au bout, jusqu'à quelques heures avant l'arrivée, ça a été compliqué, depuis quasiment le début, la bagarre a été intense. Alex a montré son potentiel de vitesse, il a fallu s'accrocher à ce train d'enfer qu'il menait. Et puis il y a eu les mers du sud, j'ai réussi à sortir avec 2 jours d'avance au Cap Horn. J'avais marqué un petit avantage et puis malheureusement derrière la météo n'a pas été du tout favorable avec moi. Ça m'a donné beaucoup de fil à retordre, beaucoup de pression. Ce n'est pas depuis 24 heures que je suis sous pression, c'est depuis le Cap Horn. Ça fait 25 jours que c'est dur. Quelqu'un m'a dit pendant la course, par message, que la victoire est encore plus belle si elle est acquise dans la difficulté. Maintenant, je suis d'accord avec ça".
Q: Quel rôle ont eu les foils (qui équipent une partie de la flotte sur cette édition, ndlr) dans votre succès?
R: "C'est la réussite d'un pari, lancé avec des architectes il y a 3 ans. Au départ, on était un peu sceptique, après on y a cru. On a été les premiers chez Banque Populaire à lancer le concept. Si Alex (Thomson) et Jérémie (Beyou) complètent bien le podium, le podium va être composé de foilers, c'est le choix qu'il fallait faire. Après, on ne met pas le foil tout le temps, à 100% du parcours. Quand il fallait mettre l'accélérateur au bon moment, je me servais du foil (appendice latéral qui soulage le bateau pour lui permettre d'aller plus vite à certaines allures, ndlr)".
Q: Qu'allez-vous faire maintenant?
R: Le retour à terre, j'appréhende... Je ne sais pas trop. Je prends les choses comme elles viennent. Ma femme m'a dit +surtout pas de tour de monde tout de suite+. Mais j'ai la chance d'avoir avec Banque populaire un super-projet qui s'enchaîne. Moi et l'équipe on construit un trimaran, un ultime. Et il y a un programme derrière qui est prévu: la Transat Jacques Vabre, La Route du Rhum et il y a ce tour du monde en 2019 (une course de multicoques Ultimes autour du monde en solitaire, sans assistance et sans escale). Ce sera un nouveau challenge. Ce soir, je n'y pense pas trop. Ce qui est sûr, c'est que je ne serai pas au départ du prochain Vendée Globe (en 2020, ndlr)".
Propos recueillis en conférence de presse.