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Le plus grand trimaran de course au monde, Spindrift 2, a passé mardi matin le cap Horn, dernière marque symbolique dans sa tentative pour s'emparer du Trophée Jules-Verne, avec une avance de plus de 500 milles (925 km) sur les temps du détenteur du record de ce tour du monde en équipage et sans escale, Banque Populaire V.
Spindrift 2, un bateau conçu par le cabinet d'architectes VPLP de 40 m mené par le Français Yann Guichard , la Suissesse Dona Bertarelli (co-skipper et compagne de Guichard) et leurs 12 équipiers, a passé le "cap dur", le surnom du Horn, mardi (bien mardi) à 09h09 françaises, soit 30 j 04 h et 07 min après avoir franchi la ligne de départ au large d'Ouessant (Finistère).
Spindrift 2 possédait alors 18 h et 11 min d'avance sur le chrono de Banque Populaire V au même endroit.
"Je suis ravi d'en finir avec le Pacifique, c'était un peu longuet, frustrant et pas facile à gérer", a déclaré Guichard, dans une allusion aux vents erratiques et faibles qui ont perturbé la progression du trimaran pendant plusieurs jours.
"On a pu raser le cap Horn, on est passé à 4 milles, sous le soleil, par grand beau temps", a-t-il ajouté dans un entretien téléphonique avec quelques journalistes. "Il y a 48 heures, on a eu de la neige et il faisait franchement froid". Le Horn, "c'est le meilleur souvenir (de cette navigation). C'était fantastique, magnifique. Dona a même pu parler avec le gardien du phare! Le Horn, c'est un grand moment, unique dans une vie".
"C'est sympa de revenir dans le monde civilisé", a souligné Guichard, qui entrevoit cependant une situation météo un peu compliquée au cours des prochains jours. "On va essayer d'attraper une dépression qui va nous emmener jusqu'en Uruguay mais ca va être complexe à négocier. J'espère qu'on sera dans les temps du record à l'équateur".
Le passage du Horn boucle "un mois d'aventure qui s'est bien passé, a-t-il poursuivi. On a déjà fait un beau parcours. Je crois que Dona s'est éclatée. L'équipage est vraiment soudé, il y a une super ambiance à bord. Ces 30 jours ont été du plaisir, un plaisir partagé. Si c'était à refaire, ce serait avec la même équipe. Ils savent faire avancer vite le bateau sans le forcer, tout en souplesse..."
- Idec Sport également attendu au Horn mardi -
"On sera pénalisé dans les alizés", a ensuite reconnu Guichard, en réponse à une question sur l'avarie survenue sur le foil babord, endommagé le 7 décembre lors d'une collision avec un objet flottant non identifié. "Ca altère nos performances. Le bas du foil est délaminé et on ne peut plus le remonter complètement. On est donc un peu moins rapide. Mais même sans foil, le bateau passe bien dans la mer. Lorsque c'est arrivé, j'étais inquiet. Mais plus maintenant, car on ne prend pas d'eau".
Un deuxième multicoque, Idec Sport, mené par Francis Joyon et ses cinq équipiers, devrait à son tour passer le cap Horn mardi. Lancé lui aussi à la poursuite du Trophée Jules-Verne, Idec Sport (un autre bateau conçu par VPLP de 31,50 m), possédait mardi à 11h20 heure française près de 180 milles d'avance sur le chrono de Banque Populaire V.
"C'est sympa d'avoir fait un bout de chemin avec eux, a souligné Guichard. On regarde leurs performances, ce qu'ils font".
Cette course dans la course "ajoute un peu de stress", a-t-il admis. "Mais c'est la gestion des hommes et du bateau qui me préoccupe le plus. Je suis de temps en temps obligé de mettre le pied sur le frein car mon objectif, c'est de finir".
"Je vais maintenant faire mon petit pipi au vent", a conclu Guichard, une tradition réservée aux privilégiés qui passent la cap Horn...
Le Trophée Jules-Verne appartient depuis janvier 2012 à Loïck Peyron et l'équipage de Banque Populaire V (aujourd'hui... Spindrift 2) en 45 j 13 h 42 min.