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© AFP/FRED TANNEAU
Francis Joyon
(Idec Sport) fête son arrivée, au terme du Trophée Jules Vernes, record du tour du monde à la clé, le 26 janvier 2017 à Brest
Battre le record du tour du monde en équipage d'une minute aurait été "un exploit formidable", alors le pulvériser de 4 jours? Ce n'était "même pas imaginable", a reconnu jeudi Francis Joyon à son arrivée à Brest après avoir signé l'incroyable exploit.
"Le challenge était déjà tellement difficile que le temps de 40 jours n'était même pas imaginable", a-t-il avoué.
Peu après avoir accosté quai Malbert avec son maxi-trimaran Idec Sport (31,5 mètres), le skipper de 60 ans a assuré qu'avant le départ de ce même quai le 16 décembre dernier il aurait considéré "un exploit formidable" de battre le temps inscrit par Loïck Peyron en 2012 rien que "d'une minute", soit le temps minimum nécessaire pour homologuer un nouveau record.
Joyon et ses cinq coéquipiers ont franchi la ligne d'arrivée à 08h49 au large d'Ouessant après 40 jours 23 heures 30 min 30 sec, soit 4 j 14 h 12 min 23 sec de mieux que le tenant jusque là du record du Trophée Jules Verne.
En janvier 2012, Loïck Peyron, à bord de Banque Populaire V (40 mètres) et avec 13 coéquipiers, avait conclu en 45 jours 13 heures 42 minutes.
Celui qui a découvert la voile adolescent lors d'un stage scolaire se souvient d'ailleurs que peu dans le milieu nautique le pensaient capable d'une telle performance. "On passait pour des rigolos, pour des hurluberlus", s'est amusé le navigateur aux yeux azurs. "On avait l'impression de s'attaquer, nous petit équipage, petit bateau, à un record qui était assez formidable", a-t-il poursuivi, se félicitant de la "bonne cohésion" ayant régné au sein de son équipe.
- 'J'ai privilégié le côté humain' -
Joyon a choisi d'être accompagné dans son aventure par un petit groupe de seulement cinq marins: Sébastien Audigane, Clément Surtel, Gwénolé Gahinet, Alex Pella et Bernard Stamm .
"J'ai préféré privilégier la cohésion, le côté humain au côté professionnel", a expliqué le marin de sa voix posée, sans se démarquer de son habituelle réserve.
"A bord on a donné le meilleur de nous-mêmes pour répondre à notre envie de réussite sur ce trophée", a-t-il poursuivi, se remémorant des "journées vraiment particulières" lors de sa course folle, notamment entre l'Afrique du Sud et la Nouvelle Zélande.
"On savait que le record se jouait là. On savait que si on arrivait à rester devant le front, on avait une bonne chance de battre le Trophée Jules Verne", a raconté le navigateur à la carrure impressionnante, se souvenant d'une "très, très forte motivation" de l'équipage, qui a aligné plusieurs journées à près de 900 milles, "en étant vraiment à fond et en donnant tout pour que le bateau soit toujours au maximum".
Joyon a souligné en outre le rôle crucial dans ce record joué par son routeur Marcel Van Triest. "Il a une grande connaissance de la glaciologie, des risques qu'on peut prendre par rapport aux icebergs, parque lui les a pris en tant que marin et donc il trouvait normal qu'on en prenne aussi, alors qu'un service plus anonyme aurait considéré que le danger des icebergs était trop grand et qu'il ne fallait pas descendre plus au Sud", a-t-il estimé.
- Un attachement à la préservation des océans -
Interrogé sur sa préférence entre courses en solitaire et en équipage, le navigateur a dit ne pas pouvoir se prononcer: "C'est tellement différent!" "C'est presque deux sports différents, d'un côté il faut réussir à concilier les qualités de tout le monde et d'un autre côté se donner à fond personnellement". "Mais j'apprécie bien les deux maintenant, avec du recul", a poursuivi celui qui jusqu'à peu ne naviguait quasiment qu'en solitaire.
Le regard parfois absent pendant la conférence de presse organisée sous une large tente, à quelques mètres de son bateau, il a enfin rappelé son attachement à la préservation de l'environnement et tout particulièrement à celle des océans.
"Les marins divaguent beaucoup sur la préservation des océans, sur des sujets qui sont pour nous super importants", a expliqué celui que l'on surnomme parfois le Menhir. "Peut-être que les humains ne se rendent pas compte qu'ils sont liés aussi à cette petite planète. Ils vivent indépendamment dans les grandes cités et nous on se rend compte que tout est lié et que c'est important de préserver les océans, de préserver la planète et de trouver un mode de vie en harmonie avec elle".