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Thierry Chabagny s'est exclamé "on a fait ce dont on a rêvé", 24 heures après sa victoire à Saint-Barthélémy avec son coéquipier Erwan Tabarly , dans la transat en double AG2R-La Mondiale sur Gédimat un monocoque de 10 mètres.
Q: Après une nuit de repos, avez-vous bien récupéré ?
R: "Il faut plus de temps pour récupérer d'une course de trois semaines avec autant d'intensité, où on dort en fractionné, par tranches d'une heure et demie-deux heures. Il y a une sorte de traumatisme lié à cette fragmentation (à laquelle il faut ajouter) l'intensité de la course, et les conditions de chaleur avec la route sud" (choisie par le tandem).
Q: Quel regard portez-vous sur cette course ?
R: "On est sur un nuage avec Erwan. On a fait ce dont on a rêvé. On est reparti ensemble et on s'est dit +si on la gagne, ce serait incroyable+ après ce démâtage il y a deux ans et cette frustration de ne pas être arrivés à Saint-Barth. On a bien préparé la course, on s'est entraîné cet hiver. On la voulait vraiment, profondément. Quand j'ai demandé à Erwan s'il voulait bien repartir avec moi pour cette transat, il était sur un autre projet (?) Il m'a dit +l'AG2R, c'est une course que je veux mettre à mon palmarès, et avec toi+".
Q: Vous parlez d'intensité de la course, c'est vraiment ce qui marquera cette transat, à laquelle vous participiez pour la 7e fois ?
R: "J'ai fait des éditions où 5 jours avant tu savais que c'était mort, que tu te bats pour une 6e ou 7e place. Mais là, c'était pour nous la gagne ou rien. Cette victoire nous donne de la confiance pour la suite et justifie toutes ces années d'entraînement, de stages, de préparation, de recherches de sponsors, tout ce que tu as en amont d'une épreuve de voile (?). Une victoire comme ça balaye tout, il y a tellement d'émotion, tu te dis c'est bien, on l'a fait".
Q: Après cette victoire, une page s'est-elle tournée ?
R: "Oui, +une page s'est tournée+. Mais souvent ça fait ça après une course, tu lâches tellement d'énergie que tu es un peu vidé. L'envie revient au fur et à mesure. Et le prochain gros morceau de la saison (départ mi-juin, NDLR), c'est la Solitaire Bompard-Le Figaro. L'année dernière cette course m'a fait un plaisir énorme en me laissant gagner la première étape, c'est un moment inoubliable dans ma vie de sportif. Si je peux aller grappiller de l'émotion comme ça cette année, ce sera très bien".
Q: Cette AG2R, c'est une histoire sportive, mais c'est aussi une histoire humaine avec Erwan.
R: Absolument. Avec Erwan, on s'entend super bien. On a des atomes crochus. On a fait un stage de préparation physique à Chamonix au mois de février. Aux premiers pas de la randonnée, on s'est dit +la victoire dans l'AG2R elle commence maintenant+ (...). Avec Erwan, on sait lire dans les pensées de l'autre. Et quand l'un a une petite baisse de régime, l'autre essaye de lui remonter le moral pour éviter de partir dans une dynamique négative. Quand on a vu Agir Recouvrement faire sa chevauchée dans le nord, j'ai envoyé des mails pour dire +on se bat maintenant pour la deuxième place+. Le coup du sort a fait qu'on a été remis en selle par une petite risée, c'était improbable mais c'est arrivé. (Après) tout s'est joué dans les dernières heures. C'est un finish de dingue".
Propos recueillis lors d'un entretien de presse par Hervé Gavard