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La victoire de François Gabart, mardi à New York dans la 14e édition de la Transat Anglaise, illustre la parfaite combinaison entre le sens marin, la polyvalence, un bateau particulièrement performant, du talent exceptionnel... et un sponsor généreux.
Quatre victoires majeures en 4 ans: Vendée Globe (2013), Route du Rhum (2014), Transat Jacques-Vabre (2015, avec Pascal Bidégorry) et Transat Anglaise (2016)... Une trajectoire insolente pour ce skipper de 33 ans.
.Gabart est-il aujourd'hui le meilleur skipper océanique français?
Le vivier de la voile française est très riche mais Gabart est à coup sûr l'un des meilleurs. Son palmarès est déjà incroyablement bien rempli. Il est de la veine des Loïck Peyron, Franck Cammas , Michel Desjoyeaux . Mais il est plus jeune qu'eux (33 ans, né le 23 mars 1983 à Saint-Michel-d'Entraygues, en Charente), a encore plein de beaux projets (record atlantique ouest-est à partir de juin, tour du monde en solo en 2019, etc.) et donc l'occasion d'enrichir son CV.
. Comment s'explique ce parcours d'enfant prodige?
Sa passion pour la mer, Gabart la doit à ses parents, Dominique (dentiste) et Catherine (magistrate au tribunal d'Angoulême) qui l'ont emmené autour du monde pour une croisière d'un an, avec ses deux soeurs, Alice et Cécile. Cela a été l'élément déclencheur. Il a d'ailleurs rappelé mardi soir, en arrivant à Brooklyn, qu'il y était déjà venu... à l'âge de 6 ans. Et à bord du bateau familial, le fait de naviguer en croisière n'excluait pas de peaufiner sans arrêt les réglages.
. Est-il passé par l'école du dériveur, comme nombre de ses adversaires?
Oui, il a suivi la filière classique, en gravissant toutes les marches, de l'Optimist au Tornado, qui fut catamaran olympique de 1976 à 2008. De l'avis général, la régate entre trois bouées, en simple comme en double, c'est le passage quasi obligé pour apprendre à régler des voiles correctement, à faire avancer vite un bateau. Il est ensuite passé au monocoque Figaro (champion de France de course au large en solitaire en 2010), l'école du large par laquelle transitent tous les talents océaniques tricolores.
. Est-il seulement un athlète de haut niveau?
La concurrence n'a jamais été aussi forte dans la voile de compétition. Etre un bon marin n'est plus suffisant, comme ça pouvait être le cas il y a une cinquantaine d'années, lorsque les courses océaniques ont véritablement commencé. Gabart est polyvalent. Il a un diplôme d'ingénieur (INSA/Institut national de sciences appliquées de Lyon), une formation indispensable pour maîtriser des machines de plus en plus complexes, bourrées d'électronique. Et pour aider les architectes navals à les concevoir. Il faut aussi savoir piloter des équipes de plus en plus grandes, de véritables PME.
. Le meilleur skipper ne fera rien s'il n'a pas un bon bateau...
"A l'arrivée du Vendée Globe en 2013, nous avons commencé à échanger avec Francois Gabart sur son prochain bateau, avec pour objectif d'être le plus rapide des trimarans de la classe Ultime (30 m environ), explique Vincent Lauriot-Prévost, du cabinet VPLP. Deux années d'échanges, de réflexions, d'études et de conception plus tard (...), était mis à l'eau Macif chez CDK, à Lorient. L'objectif que nous nous étions fixés était de définir avec Gabart les caractéristiques de puissance les mieux adaptées au programme, avec l'idée de faire voler un bateau de cette taille au large, quand les conditions s'y prêtent. Un bateau épuré au maximum où le superflu est évité pour être le plus léger possible: des foils puissants et des plans porteurs sur les safrans sont les innovations principales de ce trimaran. Nous avons aussi étudié une nacelle de vie pour que le marin soit protégé le mieux possible aussi bien dans la zone des postes de barre et des manoeuvres que dans la zone de vie".