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La guerre des trois (maxi-trimarans) aura bien lieu et la transat Plymouth (sud-ouest de l'Angleterre) - Newport ne devrait logiquement pas échapper à l'un de ces monstres, capables si la météo s'y prête, d'exploser le record de l'épreuve.
A quelques heures du départ, lundi à 14h30 locales (15h30 heure française), Sodebo ( Thomas Coville ), Macif (François Gabart) et Actual (Yves Le Blevec) tiraient sur leurs amarres, impatients d'en découdre sur quelque 3.050 milles (environ 5.650 km) d'Atlantique nord, un parcours majoritairement contre les vents dominants.
Un total de 25 bateaux, monocoques et multicoques, participent à la 14e édition de cette course légendaire.
Macif (30 m) est un peu l'épouvantail de la flotte. Le plan VPLP, mis à l'eau l'été dernier, est manifestement bien né et a déjà gagné (en double) la Transat Jacques Vabre 2015. Légère (14,5 tonnes, officiellement, peut-être moins), la bête est très, très rapide.
"Nous avons déjà marché à 43 n?uds", confie Gabart, 33 ans, skipper aux doigts d'or qui a gagné le dernier Vendée Globe et La Route du Rhum 2014 (en monocoque Imoca). "Et c'était de nuit, sous pilote, avec beaucoup de mer". Dans de meilleures conditions, le bateau devrait aller encore plus vite. "On est capable de tenir des moyennes de 33-34 n?uds, c'est ça qui est important".
La nacelle de vie du bateau, la +cabane+ où sont rassemblées toutes les fonctions vitales (man?uvres/navigation/veille), est un modèle du genre. Aucun skipper, même en monocoque, n'est aussi protégé que Gabart.
Sur un trimaran de cette taille et puissance, "on n'a pas le droit de se mettre dans le rouge, déclare-t-il à l'AFP. Il faut être en forme 24 heures sur 24. Pour ça, il va falloir dormir par périodes de 5, 10, 15 minutes, l'écoute (de grand-voile) dans la main".
Le meilleur ennemi de Macif est Sodebo, un autre plan VPLP de 31,50 m. Seule la coque centrale est neuve, les flotteurs et les poutres étant ceux du Geronimo d' Olivier De Kersauson . L'ensemble est un poil moins véloce que Macif mais très costaud et sans doute plus à l'aise dans le gros temps au près.
- Conflits de générations -
"Il y a une génération entre les deux multicoques", a expliqué à l'AFP Coville, âgé de 48 ans, lors du convoyage du bateau de Saint-Malo à Plymouth, le week-end dernier. "Le différentiel de vitesse est de 1,5 à 1,8 n?ud au reaching (vent de travers/petit largue). Moins au près".
"Je peux gagner en prenant des risques, a-t-il ajouté. Dans les phases de transition, en retardant les man?uvres ou en les faisant plus rapidement. Je peut ainsi grappiller un ou deux milles. Mais on n'a pas le droit de se tromper".
Le duel entre ces deux dragsters océaniques pourrait faire les affaires d'un troisième larron, Actual, barré par Yves Le Blevec.
Marin aguerri au palmarès bien rempli, avec des milliers de milles au compteur sur à peu près tout ce qui flotte, Le Blevec (50 ans) sera en embuscade avec un trimaran de 31 m dessiné par Nigel Irens/Benoît Cabaret et lancé en 2007, l'ancien Sodebo de Coville.
Moins large que les deux autres Ultimes (16,5 m contre 21), donc moins puissant, Actual pourrait profiter d'éventuelles avaries ou de mauvais choix tactiques.
"Mon objectif, c'est de naviguer bien et vite, indique Le Blevec à l'AFP. Je suis à la hauteur du défi, mais je n'ai pas encore toutes les clefs pour faire avancer vite le bateau".
Les uns et les autres tablent sur une traversée de l'Atlantique en 8 jours, peut-être moins. Plus vite en tous cas que Michel Desjoyeaux en 2004, qui avait franchi "la grande mare" en 8 j 8 h et 29 min avec un trimaran de 18,28 m.