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La brume est tenace et on distingue à peine le cap de la Hève, au nord du Havre, devant lequel Nicolas Lunven s'entraîne avec plusieurs autres skippers qui prendront dimanche à Deauville le départ de La Solitaire du Figaro 2016.
Au menu du jour, des +speed tests+ (comparatifs de vitesse) avec Team Vendée (Benjamin Dutreux), Bretagne Crédit Mutuel Espoir (Aymeric Decroocq), Bretagne Crédit Mutuel Performance (Sébastien Simon). Pour Nicolas Lunven (Generali), il y a également au programme des essais de spinnaker.
La mer est belle, le vent faible (7-8 noeuds). Le moindre souffle d'air doit être utilisé et chacun scrute le plan d'eau, à l'affût des petites rides qui courent sur la surface, annonciatrices d'une risée.
"Nico" Lunven a molli le gréement, réglé le mât et le parallélisme des deux safrans du monocoque, long de 10,10 m. La concentration est maximale et les quatre bateaux, tous rigoureusement similaires, se tiennent dans un mouchoir, glissent sur une mer d'huile comme dans une aquarelle de Turner.
La VHF (radio de bord) grésille sans arrêt et les quatre skippers échangent des infos sur leurs réglages. "Je ne le fais pas avec tout le monde", avoue Lunven, qui -dans le cas présent- affirme être en totale confiance car "ça marche dans les deux sens et on ne garde rien sous le coude".
Le skipper de Generali, 33 ans, a déjà remporté La Solitaire du Figaro en 2009 et y revient après deux ans d'absence. Il connaît bien la musique et sait que chaque nanoréglage compte.
Il a de qui tenir. Originaire de Vannes (Morbihan), Nicolas Lunven est le fils de Bruno Lunven, qui s'illustra en terminant sur le podium en 1974 et 1975 de la Course de l'Aurore, l'ancêtre de la grande classique estivale. Son oncle Dominique Lunven avait fini deuxième de cette même course en 1973.
"J'aime être sur l'eau, sur mon bateau. Et j'ai la chance de n'avoir jamais eu le mal de mer. Ma première sortie en mer, je l'ai sans doute faite dans le ventre de ma mère", sourit-il.
Sponsorisé par Generali, il dispose chaque année d'une enveloppe de 250.000 euros pour naviguer. "Cela me permet de faire une saison de courses", de payer un préparateur (Pascal Caillaud), d'acheter des voiles, de l'électronique et de réviser le moteur, précise-t-il.
- Refuse l'étiquette de favori -
Le bateau lui appartient et, salarié de sa propre entreprise (Sailtech), il s'accorde un salaire mensuel de 4.000 euros bruts.
Lunven attaquera cette année son 8e +Figaro+ et affirme ne pas s'en lasser. Mais il souligne aussitôt qu'il apprécie "autant la navigation en double ou en équipage qu'en solitaire".
Cette année, associé à Gildas Mahé, il a d'ailleurs failli remporter la Transat AG2R, prenant la deuxième place 4 minutes derrière le tandem vainqueur, Thierry Chabagny/ Erwan Tabarly .
La Coupe de l'America, par contre, ne semble pas le passionner. "Je n'ai pas le gabarit pour être équipier et les compétences pour être barreur ou tacticien, déclare-t-il. Ca voudrait aussi dire lâcher la course au large, ce que je ne veux pas faire".
"Et puis, poursuit-il, faire six régates de 20 minutes chacune pendant deux jours! Quand on voit ce que ça coûte et ce que ça suppose comme investissement, y compris personnel..."
Avec la modestie qui le caractérise, Lunven refuse l'étiquette de favori de cette Solitaire du Figaro 2016, même en l'absence de "ténors" comme Yann Eliès ou Jérémie Beyou, deux triples vainqueurs de cette course désormais focalisés sur la préparation du Vendée Globe 2016.
Chabagny, Tabarly, Charlie Dalin, Alexis Loison, Xavier Macaire, Gildas Morvan , Yoann Richomme... "Les candidats à la victoire ne manquent pas", énumère-t-il. Sans oublier le Britannique Alan Roberts, vainqueur du prologue samedi dernier.
Réponse le 7 juillet à La Rochelle, à l'arrivée de la course.