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"To finish first, you must first finish": ce vieil adage anglais, Thomas Coville a dû une fois de plus se le remémorer après avoir heurté un cargo dans la nuit de dimanche à lundi au large de la Bretagne, une collision qui l'a contraint à abandonner la dixième Route du Rhum.
Oui, pour gagner une course, il faut d'abord la terminer. Coville, troisième de la précédente édition de cette course transatlantique en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, en 2010, avait cette fois-ci tous les atouts en mains pour s'imposer dans la classe Ultime, celle des multicoques géants dévoreurs d'océans.
"Je fais un bon binôme avec mon bateau, je suis vraiment en confiance", confiait-il à l'AFP lors d'une sortie d'entraînement très tonique au large de Belle-Ile à bord de Sodebo Ultim' (31 m), quelques jours avant le départ dimanche de La Route du Rhum 2014.
"Mais, ajoutait-il aussitôt, pour naviguer sur une telle machine, il faut avoir de l'appréhension. Il faut anticiper sans arrêt".
"J'ai parcouru 10.000 milles avec Sodebo Ultim' et effectué deux transats, dont une en solo, notait encore le skipper de Locmariaquer (Morbihan). Ca donne confiance. Le plus dur, finalement, c'est de ne pas se laisser griser par la vitesse".
Son nouveau trimaran, construit à partir d'éléments de l'ex-Geronimo (abandonné sur un quai de Brest par son ancien propriétaire Olivier De Kersauson ), est rapide et puissant.
- La poisse -
Passant bien dans la mer, capable d'atteindre des vitesses très élevées (46 n?uds), le plan VPLP ressemblait fort à l'arme absolue pour remporter la course cette année. Son skipper, manifestement en pleine forme physique, avait logiquement attaqué son cinquième "Rhum" en position de favori.
La malchance a voulu que l'aventure s'arrête quelque part à l'ouest d'Ouessant, contre le flanc d'un cargo.
Visage souriant (il a même été surnommé le "Laurent Delahousse de la voile" par certains journalistes peu avares de clichés!), s'exprimant facilement et plutôt bien, entouré d'une solide équipe de "communiquants", Coville est un marin hors pair. Mais le sort, la poisse, semblent s'acharner sur lui.
Il s'est à quatre reprises (2008/2011/2013/2014) attaqué, en vain, au chrono du tour du monde en solitaire et sans escale, détenu en 57 j 13 h et 34 min par Francis Joyon (58 ans), taiseux, modeste et marin à l'ancienne aux moyens infiniment plus réduits que ceux de son jeune (46 ans) rival.
Des avaries et une mauvaise météo ont chaque fois empêché Coville de devenir le voileux le plus rapide de la planète, un objectif qu'il dit toujours caresser.
"En voile, contrairement à beaucoup d'autres sports, il restera toujours des incertitudes", notait Coville quelques heures avant le départ, dimanche à Saint-Malo. Il ne croyait pas si bien dire.