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L'oeil est vif, la démarche souple et l'humour à fleur de peau: à 75 ans, le Britannique Robin Knox-Johnston, doyen des 91 concurrents de La Route du Rhum 2014, aime naviguer à l'ancienne et faire le point chaque soir avec un petit whisky.
Trente-deux ans après une première participation à la reine des Transats avec le catamaran Sea Falcon, pour une honorable 14e place, Sir Robin (il a été anobli en 1995) remet ça et sera dimanche au départ de la 10e édition du "Rhum", à la barre de Grey Power, un monocoque Imoca de 18,28 m mis à l'eau en 1997.
Ce plan Finot-Conq est, de l'avis même de son skipper, incapable de rivaliser avec les Imoca les plus récents, comme ceux de Jérémie Beyou (Maître Coq), François Gabart (Macif) ou Vincent Riou (PRB). Qu'à cela ne tienne, Grey Power est inscrit dans la classe Rhum, qui regroupe des bateaux "historiques".
Tout un symbole! Knox-Johnston est une légende vivante de la voile. Le premier navigateur à avoir bouclé, en 1969, dans le Golden Globe Challenge, un tour du monde en solitaire, sans escale et en course. Il est aussi le seul marin britannique à avoir remporté trois fois le titre de "Yachtman of the year".
- Un mois libre à l'agenda -
"Pourquoi je reviens à La Route du Rhum? C'est très simple, répond Sir Robin. J'ai disputé la course Sydney-Hobart en équipage, à la fin de l'année dernière. J'ai beaucoup aimé. Rentré en Angleterre, j'ai regardé mon agenda et vu que je n'avais rien de prévu en novembre 2014. J'ai téléphoné (au directeur de Pen Duick, société organisatrice de la course) Pierre Bojic et lui ai demandé de m'inscrire en classe Rhum".
"Je me suis dit que ce serait amusant de revenir sur le circuit et d'essayer de faire un bon résultat, poursuit-il. J'avais envie de disputer une belle course océanique et (le "Rhum") en est une. L'une des meilleures, en fait".
Grey Power "est un bon bateau, souligne-t-il. Et pas si difficile que ça à manoeuvrer. C'est un gros voilier mais j'y arrive. Je ne fais sans doute pas les choses aussi vite que les jeunes, alors il faut que j'anticipe davantage".
- Un whisky chaque soir -
"Je n'ai pas de problème avec les manoeuvres mais j'en ai avec tous les systèmes de navigation, soupire-t-il en extirpant sa grande carcasse de la table à cartes, encombrée d'électronique. Il y en a trop et ils sont trop complexes: c'est un cauchemar..."
Emporterez-vous un sextant pour les remplacer? "Non, répond-il. Il n'y a pas de sextant à bord. Et d'ailleurs, je n'en ai pas besoin, je peux naviguer avec le soleil"... Et apprécier, chaque soir, un petit verre de whisky en réfléchissant tranquillement à la meilleure option tactique du lendemain. Un gentleman, on vous dit.
Le skipper britannique reconnaît toutefois manquer un peu d'entraînement: "trop occupé" par ses activités d'organisateur de la Clipper Round the World Race. Pas trop inquiet pour autant, et admiratif de "l'approche romantique des Français" vis-à-vis de la mer, et de la course en solitaire en particulier.
Selon lui, "tout a commencé avec la victoire de Tabarly" dans la 2e édition de la Transat Anglaise, en juin 1964.
"Aujourd'hui, la France a une quantité de bons marins, avec de gros budgets. Ils dominent les courses en solitaire. Les médias français assurent une belle couverture de la voile et les skippers sont populaires, connus du grand public. Du coup, il y a de la publicité et c'est bon pour les sponsors. Il n'y a rien de tel en Angleterre..."