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A 39 ans, Sébastien Josse va prendre le départ de La Route du Rhum, "transat" en solitaire entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), à la barre du trimaran Gitana XV (21,20 m), un support qu'il découvre et sur lequel "on n'est jamais sûr de rien".
Q: A quelques jours du départ, le 2 novembre, dans quel état d'esprit êtes-vous?
R: "Je ne vais pas dire que je suis impatient, mais je commence à me focaliser sur la navigation, à lire les instructions de course pour tout doucement me recentrer sur l'événement. On regarde aussi un peu la météo, pour se mettre dans un mental de coureur".
Q: Vous avez fait d'importantes modifications sur votre bateau qui n'a pas été beaucoup testé en course. Est-ce un problème?
R: "Pas forcément. Cela ne tombait pas trop mal qu'il y ait peu de régates cette année, pour qu'on puisse optimiser le bateau et se faire la main. J'avais plus besoin de m'entraîner seul que d'avoir la sanction du résultat. On a travaillé sur l'ergonomie et essayé de rendre ce bateau le plus performant possible".
Q: A terme, votre objectif est de faire de Gitana XV un "bateau volant". Pouvez-vous nous expliquer ce projet?
R: "Dans la voile, il y a une révolution dans les appendices (dérives, foils et safrans, ndlr). On l'a vu dans la dernière Coupe de l'America, où les bateaux volaient littéralement. On s'est dit que c'était la voie dans laquelle il fallait aller, parce que forcément dans la course au large on va en passer par là. On a essayé de faire ça de façon sensée et raisonnée. Mais le but, dans un futur proche, c'est d'avoir le jeu complet de cette nouvelle génération d'appendices sur le bateau. Pour cette course là, on n'a pas eu le temps parce que ça demande des heures de fiabilisation, mais on a fait un gros travail là-dessus".
Q: Gitana XV fait partie des "petits" bateaux de la catégorie Ultimes, que pouvez vous espérer?
R: "On sait que sur le papier on ne part pas pour gagner, sauf course exceptionnelle. Il y a deux catégories de bateaux: ceux de 70/80 pieds (comme Gitana XV, ndlr) et il y a Sodebo (31 m), Banque Populaire VII (31,50 m), Spindrift 2 (40 m) et Idec (29,70 m) qui se tirent la bourre. Derrière, c'est ouvert. Etre en tête de notre catégorie, ce serait déjà une victoire dans La Route du Rhum. Après, on a fait une petite régate il y a deux semaines, le Défi Azimut, où on a vu qu'entre 8 et 14 noeuds de vent, Banque Populaire VII, qui est pour moi la référence du plateau, n'est pas très véloce, qu'il a du mal à démarrer. Mais dès que c'est au dessus, on ne le revoit plus".
Q: Pouvoir faire La Route du Rhum dans la catégorie-reine, c'est une belle reconnaissance de votre parcours dans la voile, presque une consécration?
R: "Je suis un bizut en multicoque sur La Route du Rhum (...). Mais je suis 'touche à tout'. Multicoque, monocoque, en solo, en équipage, j'aime tous les challenges dans la voile. Le multicoque, c'est le support sur lequel on n'est jamais sûr de rien. On a beau s'appeler Lionel Lemonchois ou Francis Joyon , les deux se sont mis à l'envers: l'un l'année dernière et l'autre cette année, alors que l'un est double vainqueur de La Route du Rhum et l'autre a tous les records autour de la planète en multicoque. Ce sont des bateaux face auxquels il faut toujours rester humble. Sur un monocoque, pratiquement rien ne peut nous arriver. Au pire, on fait une erreur, on déchire une voile, ce n'est pas très grave. En multicoque, vous vous endormez cinq secondes et vous êtes à l'envers. Dès que vous êtes sorti du port et que vous avez hissé une voile, il faut être à 100% concentré. On n'a pas le droit ou de flâner, ou de prendre le truc à la légère".