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Champion olympique de perche en 1996 et premier Français à franchir la barre des 6 mètres, Jean Galfione prendra le 2 novembre le départ de la plus célèbre des transats en solitaire, La Route du Rhum.
A 43 ans, c'est à bord de son monocoque Class40 Talanta -anagramme d'Atlanta, où il a remporté sa médaille d'or aux JO-, que l'ancien athlète partira de Saint-Malo pour rallier Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
Une reconversion qui paraît presque évidente pour Galfione, dont le grand-père était dans la Marine nationale et qui a passé une partie de son enfance dans le Finistère.
"Je suis d'une famille bretonne (...). J'ai été bercé dans un univers de mer, mais pas forcément de voile", raconte-t-il à l'AFP. Enfant, "les romans d'aventuriers de mer (étaient) les seuls bouquins auxquels j'arrivais à m'accrocher à l'école".
Meilleur perchiste français des années 1990, il fait carrière dans l'ombre du "tsar" Sergueï Bubka, collectionnant les accessits: deuxième au championnat d'Europe en salle 1994, troisième aux Mondiaux en salle 1993, aux Championnats d'Europe 1994 et 1998 et aux Championnats du Monde 1995.
En 1996, il profite de la blessure de Bubka aux JO pour connaître enfin la consécration avec une médaille d'or. Trois ans plus tard, il devient le premier Français à passer les 6 mètres, aux Championnats du Monde en salle, qu'il remporte.
Malheureusement, la suite sera gâchée par des blessures à répétition, jusqu'à la fin de sa carrière en 2005.
- La chasse aux sponsors -
A ce moment là, Galfione a déjà un pied dans la voile.
C'est même elle qui est venue le chercher en 2004, pour participer avec le défi français K-Challenge aux sélections pour la Coupe de l'America 2007.
"On m'a proposé de faire des essais pour les manoeuvres (...). Monter sur un bateau de course, c'était passionnant, même si je ne comprenais rien au début", admet-il. Mais "au fond de moi, je me disais aussi que c'était pas mal si j'arrivais à continuer à faire de la compétition en bateau, si je continuais à m'amuser dans le prolongement de ma première vie d'athlète".
Il part pourtant de loin. "Je n'avais jamais touché la barre, ni navigué. Je n'avais aucune culture de la voile", reconnaît-il.
Grâce à ses relations à Port-la-Forêt, son port d'attache finistérien, il navigue avec des marins aguerris comme Michel Desjoyeaux ou Loïc Peyron.
Il fait construire Talanta (12,18 m), qui sort de chantier en 2010 et l'entraîne dans une nouvelle discipline... la chasse aux sponsors.
- 'Arriver de l'autre côté' -
Avec son nom et son physique avantageux, il a "la prétention de croire que ce serait simple", rigole-t-il. Mais la méfiance face à son inexpérience et la crise économique compliquent sa tâche.
Après trois ans de recherche infructueuse, il est près de jeter l'éponge: "Je me disais que c'était mort. Je voyais le bateau en train de pourrir sur son parking".
C'est alors que Marc le Bras, patron de Serenis Consulting, une société rennaise de gestion immobilière pour les entreprises, lit une brève sur son projet dans L'Equipe et décide de le soutenir.
Aujourd'hui, Galfione se dit prêt à affronter l'Atlantique en solo.
Aussi différents que soient la perche et la voile, des parallèles existent "dans la nécessité de beaucoup planifier en amont et dans la gestion du stress", estime-t-il.
Sur un bateau, comme lors des longues heures passées sur les sautoirs, "il faut toujours être en éveil. J'essaie de rester humble par rapport à tout ça. Arriver de l'autre côté, ce serait déjà une belle aventure".
Mais l'âme du compétiteur n'est jamais loin: "Je me connais, je veux être à la bagarre et si j'arrive au milieu du tableau (vers la 20e place), ce serait top!".